Qui n’a pas au fond du cœur le désir d’être heureux ? Quels que soient notre âge, notre condition de vie, ce désir est profondément inscrit en nous. Si nous sommes tous à peu près d’accord avec cela, c’est notre conception du bonheur qui fait la différence entre les hommes : Il y a ceux qui le cherchent dans les « consolations » du quotidien (je reprends le mot de l’évangile d’aujourd’hui) : leur « richesses », leurs orgies ou simplement leur bonne réputations (Cf. Les 4 « maléditudes » de Jésus). Et puis il y a ceux qui le trouvent au cœur même de leur vie pauvre, de leurs larmes, des calomnies ou des injures !

Pour comprendre les béatitudes proposées par Jésus, il faut commencer par se remettre dans le contexte dans lequel il les prononce. Il est allé, nous dit-on, à la rencontre des foules, parmi lesquelles se trouvent « un grand nombre de disciples ». Il y a donc sous ses yeux des fidèles aussi bien que de simple curieux.

Les 4 béatitudes qu’il prononce ici — on est dans la version des béatitudes rapportées par l’évangile de Saint Luc — sont spécialement adressées par Jésus à ceux qui sont ses « disciples ». Autrement dit, ceux qui ont mis leur foi en lui. Et quel « bonheur » leur propose-t-il ? On peut attribuer 4 caractéristiques fondamentales à ce bonheur. Je vous en propose l’ABCD :

–   A comme « Aujourd’hui » : c’est un bonheur pour aujourd’hui et pas seulement pour demain : « le royaume des cieux est à vous », dit Jésus dans la première béatitude. Mais si ce bonheur relève aussi du présent, il faut reconnaître qu’il ne supprime pas les épreuves, les souffrances de ce même présent, il ne vient pas dans un « après » hypothétique : « le bonheur est dans l’après », diraient certains !

–   C’est là que se dessine la deuxième caractéristique du bonheur proposé par Jésus. B comme « bourgeons » : c’est un bonheur en bourgeons, un bonheur pascal. Ce n’est pas le bonheur de ceux qui aspirent à une petite vie tranquille, où on espère que les joies soient juste un peu plus nombreuses que les peines. C’est un Bonheur qu’on peut étrangement entrevoir au cœur même des heures les plus difficiles, au-delà des larmes et des angoisses, comme les premières lueurs de l’aube d’une longue nuit d’hiver, comme le feu qui couve sous la cendre, comme le bourgeon qui porte déjà en lui la fleur printanière.

–   Et voici alors la troisième caractéristique de ce bonheur proposé par l’Évangile. C comme « caché » : c’est un bonheur caché au plus profond de l’être et qu’on ne peut trouver si on n’y descend pas, si on le cherche dehors, dans des satisfactions extérieures.

Le mot « heureux » est un synonyme de « saint ». Trouver le bonheur c’est exactement la même chose que devenir un saint, une sainte. Une vie heureuse est une vie sainte. Pas seulement une vie saine, mais une vie sainte. Un vieux prêtre que j’avais eu comme curé, m’avait un jour charrié affectueusement devant les paroissiens en disant à mon sujet : « Nous le croyions saint, mais il n’était qu’en bonne santé » ! C’est un faux bonheur qu’un bonheur égoïste.

  • Ce qui m’amène à une quatrième caractéristique du bonheur des béatitudes. D comme « donné » : c’est un bonheur donné, diffusé, et mille fois récompensé : « votre récompense est grande dans le ciel ! ». Rappelons-nous la dernière béatitude des évangiles : « Venez, les bénis de mon Père. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire…» (Cf. Mt 25, 34-35) Voilà le secret du bonheur. Et, il se cache souvent dans les détails. Je cite le Pape François quand il parle de la Sainteté du quotidien : « Jésus invitait ses disciples à prêter attention aux détails. Le petit détail du vin qui était en train de manquer lors d’une fête. Le petit détail d’une brebis qui manquait. Le petit détail de la veuve qui offrait ses deux piécettes. Le petit détail d’avoir de l’huile en réserve pour les lampes au cas où tarderait le fiancé. Le petit détail de demander à ses disciples de vérifier combien de pains ils avaient. Le petit détail d’avoir allumé un feu de braise avec du poisson posé dessus tandis qu’il attendait les disciples à l’aube. »

Amis, le bonheur est un cadeau qu’on partage et qu’à juste titre on appelle « présent ». Partageons-le, ensemble, et diffusons autour de nous l’A-B-C-D du bonheur !

Père Rémy CROCHU

Image extraite du missel des enfants

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