Que voulons-nous ? Être guéris ou être sauvés ? C’est bien la question à laquelle nous avons à répondre nous aussi aujourd’hui, devant cette page de l’évangile. Car les 10 lépreux représentent chacun de nous, il représentent l’humanité entière marquée par la lèpre du péché. Et quel est notre péché ? Il porte les noms d’orgueil et d’égoïsme qui engendrent la violence et la haine que nous connaissons autour de nous et en nous. Les 10 lépreux viennent à Jésus mais avec un désir de guérison du corps, entendez le désir de sauver leur peau. Jésus est pour eux comme un dernier recours. Un peu comme lorsqu’après le verdict pessimiste du médecin, on se tourne vers un charlatan qui nous promet de « pouvoir faire quelque chose ». Ils sont là tous les 10 devant Jésus et ils vont obéir à son ordre d’aller se montrer au prêtre. Leur acte de foi sera alors exaucé : tu demande la guérison du corps ? Tu as ce que tu demandes ! Mais Jésus n’est pas venu guérir seulement des corps ; il est venu pour sauver des âmes ! Le 9 premiers se réjouiront d’être en bonne santé ; le 10ème se réjouira d’être aimé ! Jusqu’à revenir et tomber face contre terre de reconnaissance devant le Christ. Les 9 premiers retrouveront leur vie d’avant ; le 10ème choisira d’emprunter un chemin nouveau, en venant au Christ, le cœur refait à neuf ! Les 9 premiers resteront convaincus que « le hasard » a bien fait les choses ; le 10ème aura donné un nom et un visage à sa guérison : Jésus, ce qui veut dire « Dieu sauve » ! Un peu comme le fait le fils prodigue de la parabole qui revient vers son père. Un peu comme le fait Marie-Madeleine que Jésus a guérie de sa lèpre de prostituée. « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn3:16).
Les 10 lépreux guéris vont tous retrouver leur vie d’avant : la conscience du mal qui agite le monde, la peur de la mort, la douleur des séparation ou des trahisons, la culpabilité secrète des fautes commises par le passé. Mais la grâce du 10ème lépreux, c’est désormais de savoir que tout peut être changé et que le désespoir peut être vaincu par l’espérance.
Or, le 10ème était un samaritain. Il faut se rappeler que les samaritains étaient comme des hérétiques pour les juifs et que, comme le dit ailleurs le récit de la Samaritaine (Jn 4), « les juifs n’ont pas de relation avec les samaritains ». Pour toujours, ce 10ème lépreux samaritain représente les hommes et les femmes qui ne viennent pas de là où on les aurait attendus. Ce sont — faut-il s’en étonner ? — le Bon larron sur la croix, Saul dit « le persécuteur » des premiers chrétiens, les premiers convertis venus des nations païennes, des galériens, des voleurs, des violents. Bref, des gens pas toujours comme il faut… Le contraire du disciple idéal : juif, jeune, beau, riche, zélé. En un mot : Judas !
A qui voulons-nous ressembler, au final : à celui qui attend d’aller mieux pour pouvoir retourner à sa vie d’avant ? Ou à celui qui, plein de reconnaissance, se jette aux pieds de son Sauveur ? N’attendons pas pour nous décider à une conversion que le Seigneur attend !
Père Rémy CROCHU
HOMELIE-DU-9-OCT-2022Père Jean Michel POUPARD