Le Baptême du Seigneur (image extraite du Missel pour les enfants)
La figure du Baptiste est décidément bien présente dans les textes de ces derniers temps. Le mérite du prophète Jean Baptiste, c’est d’avoir su reconnaître en Jésus le Messie, l’envoyé du Père, le Christ annoncé par les prophéties de l’Ancien Testament : « Moi, dit-il, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
Le récit du baptême du Christ chez Luc paraît moins détaillé que chez les trois autres évangélistes, mais il nous apporte des enseignements importants sur notre foi chrétienne. J’en relève deux :
Le premier enseignement, c’est que, chez Luc, Jésus semble se glisser dans la foule de ceux qui viennent demander le baptême de conversion. Il semble se glisser dans la file d’attente. C’est justement ce qui explique l’étonnement de Jean dans les autres récits évangéliques : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » (Mt 3, 14). En effet, Jésus n’a pas besoin de se convertir puisqu’il vient de Dieu et qu’il est le saint d’Israël. Qu’est-ce que son geste veut dire, alors ? En venant à Jean, Jésus manifeste sa solidarité avec tous les hommes pécheurs, avec toutes nos souffrances humaines et il montre que tout homme pécheur peut être guéri et sauvé du péché, de la maladie et du Mal lui-même. D’ailleurs n’a-t-il pas dit « Je ne suis pas venu pour les bien portants mais pour les malades » ? En venant se faire baptiser par Jean, Jésus manifeste son désir que tous les hommes soient sauvés. En entrant dans le Jourdain, il assume cette mission reçue du Père de donner sa vie pour le salut du monde. Il sera ce « Serviteur souffrant » dont parle Isaïe dans son quatrième « chant du Serviteur » (Is 53, 1-12). Le baptême de Jésus annonce et anticipe même sa Pâque, sa plongée dans la mort pour renaître à la Vie, annonce et anticipe ainsi notre propre salut en Lui.
Deuxièmement, le récit du baptême de Jésus dans l’évangile de Luc nous indique que c’est en priant que Jésus reçoit l’Esprit Saint. Je lis : « Après avoir été baptisé lui-aussi, Jésus priait ». Il prie au milieu du peuple en communiant à ses souffrances et à ses espérances. Et Dieu agrée cette façon de prier et l’expression qui le souligne c’est « le ciel s’ouvrit ». Quand le ciel s’ouvre, c’est le signe que Dieu nous écoute et est d’accord avec notre demande. Alors le Saint Esprit descend sur Jésus. De même, si notre prière est solidaire des besoins du monde et de nos frères, si nous avons le cœur solidaire des attentes et des cris de nos contemporains, Dieu agréera notre prière et il nous accordera sa grâce. La prière n’est jamais séparable de la charité, de l’amour du prochain, nous révélant ce que nous sommes : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé — tu es une image du Père — ; (et) en toi, je trouve ma joie. ».
Mais reconnaissons aussi que nous avons encore du chemin à faire pour sortir de l’amour excessif de soi. Convertis-moi, Seigneur ! Fais que je corresponde parfaitement à l’image que tu as imprimée en moi par l’Esprit Saint, au jour de mon baptême et qui me fait crier : « tu es mon Père, en qui je remets ma vie ».
Père Rémy CROCHU