« Je donne ma vie pour mes brebis ». Par cet évangile dit « du bon Pasteur », Jésus nous a laissé l’une des définitions de sa vocation propre : il est venu pour « donner sa vie ». Et nous verrons de quelle manière, ultimement, il la donne au sommet du Golgotha, à la croix. Une vie tout entière donnée, livrée, consacrée dans l’amour de son Père et de « ceux que son Père lui a donnés » (Jn 17).
Dans sa prédication, Pierre, « rempli de l‘Esprit-Saint » — nous rapporte le livre des Actes des Apôtres, — déclare : « Sachez-le donc, vous tous : c’est par le Nom de Jésus et par lui que cet homme se trouve là, devant vous, bien portant. » Pierre vient en effet de guérir un infirme de naissance, et ceux qui l’écoutent se demandent légitimement de qui vient le pouvoir extraordinaire de l’apôtre. Alors, pour s’en expliquer, Pierre les mènent au cœur de notre foi chrétienne : « Celui que vous avez crucifié est ressuscité et c’est lui qui œuvre en nous ». En d’autres termes, Pierre explique à son auditoire que ce qu’ils ont vu, c’est Jésus qui continue, à travers eux, de « donner sa vie pour ses brebis ». Ses brebis malades ou blessées, « perdues » ou « égarées ». Et le boiteux de la Belle-Porte (Ac 3) est l’une des premières œuvres manifestes du Christ ressuscité ; il y en aura bien d’autres après lui, et il continue d’y en avoir aujourd’hui — par milliers — qui, au passage des disciples du Christ, sont relevés et remis en marche. Jésus passe, mes amis, et il ne cesse de passer à travers nos paroles et nos gestes, par l’élan de toute vie qui donne et se donne : « Je donne ma vie pour mes brebis », dit Jésus!
Cette année, nous fêtons le 150ème anniversaire de la proclamation de Saint Joseph, Patron de l’Église universelle. Qui, mieux que lui, peut illustrer ce que Jésus dit du Bon Pasteur ? Le pape, dans son message d’aujourd’hui, jour de prière pour les vocations, écrit à son sujet : « Le Seigneur désire modeler des cœurs de pères, des cœurs de mères : des cœurs ouverts, capables de grands élans, généreux dans le don de soi, compatissants en réconfortant les angoisses et fermes pour renforcer les espérances. C’est de cela que le sacerdoce et la vie consacrée ont besoin, aujourd’hui de manière particulière. » Et le Saint Père ajoute alors : « Saint Joseph vient à notre rencontre avec sa douceur, comme un saint de la porte d’à côté ; et en même temps, son témoignage fort peut nous orienter sur le chemin. »
Nous avons sur notre paroisse la grâce de la présence de Pierre, séminariste en 4ème année. Quelle grâce pour nous tous que le témoignage de cette vie qui consent à se donner, à la suite du Christ Bon Pasteur ! Il contredit ainsi tous ceux qui voudraient nous faire croire que se donner serait aujourd’hui périmé ou la décision d’un inconscient. Pierre est une grâce pour notre paroisse, (et notez déjà une rencontre que nous avons programmée autour de lui, le samedi 29 mai prochain). Pierre est aussi un appel lancé à tous, spécialement aux plus jeunes qui s’interrogent sur le sens profond de leur vie !
Beaucoup parmi nous — et je m’en réjouis — donnent de leur temps et de leurs forces. Je fais cependant remarquer ceci : le Bon Berger, Jésus, n’a pas donné sa vie pour faire « des choses » ; il l’a donnée pour « ses brebis ». Cette consécration est celle dont beaucoup vont témoigner à sa suite, au cours des siècles. Et toi ? Je ne te demande pas à quoi tu te consacres aujourd’hui : je sais que, comme tout le monde, tu es très occupé ! Je te demande seulement : à qui ? Quelles sont aujourd’hui les brebis qui te sont confiées et pour lesquelles il te demande de donner ta vie ? »
Père Rémy CROCHU, curé