Chers amis, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer : Le Christ est ressuscité ! Et nous allons tous pouvoir mettre de la joie dans notre cœur, l’habiller de joie. Tout comme l’annoncent nos « alléluia » qui résonnent désormais dans notre assemblée. Christ est ressuscité ! Alléluia ! »

Cependant, en vous le disant, je mesure la part de tiédeur qui continue de m’habiter ;je devine derrière le voile de vos masques une certaine retenue dans notre élan de joie. Pas de l’hypocrisie en cela. Je ne crois pas. Mais une retenue qui, par-delà le respect humain qui nous fait rester assis sur nos chaises plutôt que bondir dans tous les sens en chantant à tue-tête nos alléluia (!), une retenue donc qui ressemble à celle des premiers témoins encore tout troublés par le scandale de la Croix. Ceux-ci n’ont-ils pas mis du temps pour entrer dans le mystère, jusqu’à être « effrayés », nous dit l’évangile ? C’est qu’entre la nuit et le jour, entre la mort et la résurrection, entre le désespoir et la foi, il y a le temps de la naissance, d’une sorte d’accouchement, incontournable et nécessaire.

Et en quoi consiste cet « accouchement » ? Je vous propose trois caractéristiques qui lui sont propres : se réveiller, se mettre debout et sortir.

Se réveiller, rester éveillé. Rappelez-vous : au jardin de Gethsémani, pendant que Jésus priait et entrait en agonie, les apôtres dormaient. Pas seulement de fatigue mais aussi de cœur. Ils avaient le cœur endormi, encore incapable de voir l’invisible. Ils dormaient en rêvant sans doute. Mais rêver n’est pas être réveillé. Pierre rêvait d’être le protecteur de Jésus, Jacques et Jean se rêvaient les ministres de son Royaume, tous rêvaient au point de ne pas se douter de la trahison de leur compagnon Judas. Depuis 2 jours, ils ne rêvaient plus. Jésus avait été arrêté et ils avaient tous disparu comme neige au soleil. Leurs rêves s’étaient transformés en cauchemar ! Il fallait pour eux que Jésus, le premier, se réveille d’entre les morts (en grec : « egeirô ») et qu’il vienne les réveiller lui-même pour qu’ils sortent de leur sommeil et apprennent à ouvrir les yeux de leur cœur sur sa présence. Seigneur, en ce jour de Pâques, ouvre nos yeux et réveille-nous !

Se mettre debout, se lever. Rappelez-vous tous ces corps couchés, ces malades, ces boiteux, ces infirmes que Jésus avait relevés, arrachés à la mort, même. Sans parler de ceux qu’il avait relevés en pardonnant leurs péchés, en redressant leur esprit tortueux. Les apôtres eux-mêmes avaient eu du mal à se remettre, à se relever par eux-mêmes du choc de la Croix. Comme s’ils n’avaient rien vu venir. Comme s’ils n’avaient rien voulu entendre. Il fallait pour eux que Jésus, le premier, se relève du tombeau, se dresse sur la terre en victorieux de la mort (en grec « anistèmi » — Résurrection : « anastasis ») et qu’il vienne les prendre par la main et par le cœur pour qu’à leur tour, ils se lèvent et s’élancent à sa rencontre. Seigneur, en ce jour de Pâques, élève nos pensées et notre cœur vers toi, le vivant pour l’éternité !

Sortir, apparaître, naître. Rappelez-vous ces moments de l’Évangile où l’on voit des personnes passer d’une vie à une autre : Zachée le publicain, l’aveugle-né, le larron sur la croix, Marie-Madeleine. Rappelez-vous Nicodème venu trouver Jésus de nuit et à qui il avait dit : « tu dois naître de nouveau » (Jn 3). C’est tellement plus confortable (on le voit bien aujourd’hui) de rester dans nos petites habitudes et de râler quand elles sont bousculées. Il fallait pour nous tous que Jésus, le premier, meure sur la croix pour renaître à une Vie nouvelle, en marchant à la rencontre de ses amis incrédules, pour qu’à leur tour ils sortent à la rencontre des incrédules de la terre pour leur annoncer : « c’est vrai : le Seigneur est ressuscité, et nous l’avons reconnu ». Seigneur, en ce jour de Pâques, fais-nous naître à la Vie nouvelle en Toi pour en rayonner autour de nous !

Un Jour nouveau a commencé au tombeau, il y a 2000 ans. Un jour qui reste encore aujourd’hui dans les lueurs de l’aube, mais un jour qui aspire à connaître son plein midi. Seigneur, réveille-nous, relève-nous, et fais-nous sortir ! Seigneur, ressuscite-nous !

Père Rémy CROCHU

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