Homélie de la fête du Saint Sacrement

Cette version de saint Marc du dernier repas de Jésus est tout à fait intéressante et originale. Pourquoi ? Cela commence comme un jeu de piste. Première indication de Jésus donnée à deux de ses disciples : « Allez à la ville et suivez un homme portant une cruche d’eau ». Deuxième indication : « Là où il entrera, allez trouver le propriétaire ». Troisième indication : « il aura préparé une salle à l’étage pour le repas de la Pâque ». Quatrième et dernière indication : « Faites-y pour nous les préparatifs ».

En cette fête du Saint Sacrement, je vous propose de nous arrêter sur la question que Jésus demande à ses compagnons de poser en son nom au propriétaire de la maison : « Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? »

La Pâque juive, la fête de Pessa’h, est ce qu’on appelle « le grand Shabbat » au cours duquel on monte à Jérusalem pour célébrer le « passage » de la Mer Rouge. La fête dure 8 jours dont les deux premiers commencent par le repas où l’on mange « l’agneau pascal » sacrifié à Dieu, et où l’on partage les « pains sans levain », en souvenir de la Sortie d’Égypte du peuple hébreu.

La salle où les disciples vont se réunir avec Jésus sera le lieu de ralliement pour tous les événements qui vont suivre : du repas de la scène à la célébration de la Pentecôte, en passant par les manifestations de Jésus ressuscité. La fameuse « chambre haute ».

« Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? » Où est, aujourd’hui encore, cette « chambre haute » que Jésus continue de nous indiquer et où il veut célébrer sa Pâque ?

Nous pensons spontanément, et avec raison, à nos eucharisties. Cette église devient en cet instant précis la « chambre haute » où Jésus nous réunit pour le repas de l’Alliance : « ceci est mon corps ; ceci est mon sang. » Jésus s’identifie à l’agneau de la Pâque qui s’offre en sacrifice capable de plaire à Dieu : « prenez, mangez, buvez » ! Nos messes nous ramènent nous aussi à ce lieu où nous sommes invités à faire l’expérience de Jésus ressuscité qui nous a donné sa Vie.

Mais, « où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? » La « chambre haute », ce sont encore tous ces lieux où le Seigneur continue d’être présent : nos maisons, bien sûr, mais aussi les chambres d’hôpital, les cellules de prison, les monastères ou les sanctuaires, les communautés ou fraternités de toute sorte qui se réunissent en son Nom.

« Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? » Elle commence dans le cœur des hommes : les cœurs d’enfants, les cœurs purs, mais aussi dans les cœurs troublés, les cœurs blessés, les cœurs perdus ou désespérés. Notre cœur peut devenir cette « chambre haute » où le Seigneur vient à notre rencontre. Il suffit d’y faire les préparatifs nécessaires.

Jusqu’au jour où, nous aussi, nous pourrons boire le vin nouveau, avec Jésus et la multitude des hommes, dans le royaume de Dieu !

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