L’espérance de Pâques

Nous voici aux portes d’une Semaine Sainte nouvelle (Rameaux, Jeudi et vendredi saints) et d’ici quelques jours, nous célèbrerons la pâque. Celle-ci commencera avec l’ouverture de la pâque juive (Pessah) et se terminera — pour nous, pâques dure 8 jours, rappelons-le ! — en même temps que la pâque orthodoxe (dimanche 24 avril). Tout un symbole en ces temps de guerre qui nous font regarder avec crainte vers les « pays de l’Est ».

Qu’est-ce que la pâque ?

C’est avant tout une fête juive dans laquelle, chaque année, on se remémore la fuite hors de l’Égypte du peuple hébreu, son passage à pieds secs dans les eaux de la Mer Rouge. C’est aussi pour eux la célébration des premières moissons et du repas pascal au cours duquel on mange le pain azyme (sans levain), les herbes amères et l’agneau du sacrifice.

Jésus, chaque année de sa vie terrestre, aura vécu selon cette coutume dont il renouvellera le sens en se faisant, pas sa passion et par sa croix, « Pain de Vie », « Sang de la nouvelle Alliance » et « Agneau pascal ».

Nous ne pouvons pas nous habituer à cette fête. Elle n’est pas qu’une date dans le calendrier. Elle marque une sorte de point « zéro », d’origine de tout ce qui fut et de tout ce qui sera.

La célébration des funérailles est toujours l’occasion de rappeler cela : « non, je ne meurs pas, j’entre dans la vie », chantait la petite Thérèse de l’Enfant Jésus, à quelques semaines de sa mort. Nous portons en nous, les chrétiens, l’espérance d’une Vie qui ne sera pas vaincue par la mort.

Une vidéo circule sur internet (https://www.youtube.com/shorts/IsGl2jD4peE) d’une petite fille d’environ 3 ans que son père interroge et qui lui dit d’une petite voix enfantine mais convaincue : « Tu sais, la vie, elle est belle. On ne voit plus la vie quand on meurt. Du coup, c’est un peu triste.  Il faut en profiter de la vie. La vie, c’est joli, c’est beau : on peut voyager, chanter, rigoler. Sur la terre, tout est joli ». On peut trouver cela d’une grande naïveté, mais c’est un regard d’adulte qui pense qu’il a tout vu et tout compris de la vie. Pour ma part, je pense qu’il n’est pas mauvais de garder ce regard d’enfant qui nous invite à retrouver ce côté contemplatif qui conduit tant d’hommes et de femmes à la rencontre avec Dieu. Si nous n’apprenons pas à porter un regard contemplatif sur le monde visible, comment pourrons-nous « voir l’invisible » du monde de Dieu où « tout est joli » ? Comment pourrons-nous espérer une éternité de bonheur et de joie pure avec ceux qui nous ont précédés et qui vivent en Dieu ?

Ne passons pas à côté du mystère joyeux de Pâques. Ne laissons pas ceux que nous côtoyons passer à côté sans le « voir ». Notre compassion n’est rien auprès de nos frères Ukrainiens, de nos frères migrants, de nos frères dans l’épreuve de la maladie, d’un deuil ou de l’agonie, si cette compassion n’est pas accompagnée du témoignage d’une grande espérance. Qui osera, avec le pape François, témoigner de son espérance : « Jésus n’est pas un personnage dépassé. Il est vivant, ici et maintenant. Il marche avec toi chaque jour, dans la situation que tu vis, dans l’épreuve que tu traverses, dans les rêves que tu portes en toi. Il ouvre des chemins nouveaux où il te semble qu’il n’y en a pas, il te pousse à aller à contrecourant par rapport au regret et au “ déjà vu”. Même si tout te semble perdu, ouvre-toi avec étonnement à sa nouveauté : il te surprendra » (Pâque 2021).

Père Rémy CROCHU

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