Relançons notre course !
Avez-vous remarqué ? Tout le monde court à la découverte du tombeau vide : Marie-Madeleine, Jean et Pierre. Chacun à son allure, il est vrai. Quel contraste avec le silence sépulcral du Samedi Saint ! Marie-Madeleine la pècheresse pardonnée ; Jean, le futur évangéliste ; Pierre, le chef institué de l’Eglise.
Et nous, après quoi courrons-nous ? Quelles paroles suivons-nous qui ont pu nous attirer et susciter en nous l’espérance la plus folle ? Il y a parmi nous trop de personnes qui vivent sans l’espérance de la résurrection, sans élan qui les pousserait de l’intérieur, comme hier Pierre et Jean, les lancerait dans la course des premiers témoins comme Marie-Madeleine. Après quoi courrons-nous ? En vous posant cette question, je pense à cet adolescent qui, ces jours derniers, a écrit sur un bout de papier cette prière angoissée : « Seigneur, protège-moi et ma famille car j’ai peur de ne pas être protégé ». Qui relancera sa course et lui rendra la paix ?
Un homme a couru, cette dernière semaine. A couru vers le danger et vers la mort pour sauver la vie d’une otage au péril de la sienne.
« Donner sa vie ! » C’est une expression qui a l’odeur de l’Evangile : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » dit Jésus qui a donné la sienne. L’otage rescapée est une sorte de miraculée, éternellement liée à son sauveur qui l’a arrachée d’une heure de terrible angoisse. Le jeune adolescent dont j’ai rapporté la prière, lui aussi attend de l’aide, il attend un sauveur.
Et nous, avons-nous conscience d’avoir été personnellement sauvés par le Christ ? Tel ou tel d’entre nous, j’imagine, se rappellera un événement ou une rencontre salutaires qui a bouleversé le cours de son existence. Nous aussi, nous sommes des miraculés du péché par le Christ, mort et ressuscité. Comme les enfants de nos deux paroisses baptisés à Pâques, laissons-nous sans cesse laver par cette source du baptême. Laissons le Christ prendre notre place et nous sauver de nos croix !
Oui, « la pierre a été enlevée du tombeau » ! Que la joie du tombeau ouvert relance notre course. Que cette joie fasse courir les cœurs brûlés par la Parole et par le pain partagé, comme hier les pèlerins d’Emmaüs ! Qu’elle fasse courir l’Eglise et ses pasteurs qui ont vu les signes de la présence du ressuscité et y ont cru. Qu’elle fasse courir les nouveaux baptisés de Pâques vers la joie d’une vie renouvelée. Qu’elle fasse courir dans nos paroisses les amoureux de la vie, les serviteurs de la paix, les compatissants, les affamés et assoiffés de justice. Qu’elle fasse enfin courir les témoins du Ressuscité dont ce monde a besoin. L’épouse du Colonel Beltrame aura été involontairement de ceux-là quand elle dit dans les larmes du deuil : « C’est avec beaucoup d’espérance que j’attends de fêter la résurrection de Pâques avec lui ». Nous aussi, soyons des témoins de joyeuse espérance : « Le Christ est ressuscité, alléluia ! »
P. Rémy CROCHU