Des chrétiens confirmés
Après de longues semaines d’attente fébrile, les Confirmations ont été enfin célébrées ! La patience des 11 jeunes avait été mise à l’épreuve. Celle des 2 adultes aussi. Devant le nombre de paroisses connaissant le même sort, notre nouvel évêque avait pris en décembre la décision de déléguer cette charge — qui lui est ordinairement dévolue — au doyen de chaque zone pastorale (nous appartenons à la « zone pastorale de Châteaubriant »). Les deux célébrations successives ont été pour moi l’occasion de davantage prendre conscience de l’importance de ce sacrement. Je crois partager du reste un sentiment que beaucoup de chrétiens ont partagé.
Ce sacrement (il n’est pas le seul) reste assez méconnu. J’en veux pour preuve non seulement le petit nombre de jeunes qui le demandent, mais aussi le petit nombre d’adultes. En vérité, ce sont tous les sacrements qui sont en crise, y compris l’Eucharistie. Les statistiques décroissantes me donnent raison.
Et, l’on entend beaucoup de gens qui se disent « chrétiens » se qualifier eux-mêmes de « croyants, non-pratiquants ». Ce nouveau statut semble largement assumé désormais il s’impose comme « la norme ». Aussi pour les gens de la rue, dans le pays de Descarte et Voltaire, les chrétiens « du dimanche » sont devenus des gens à part, tantôt rétrogrades, tantôt hypocrites, voire même intégristes.
Prenons du recul. La situation française n’est pas inédite. J’ai souvent pensé à l’empire romain dans lequel le christianisme, à partir du IVème siècle, s’est répandu comme la poudre. Nous en connaissons l’une des figures majeures : Saint Augustin, évêque d’Hippone, au début du Vème siècle. Personne ne peut nier son rayonnement sur l’ensemble de la Chrétienté. Or, deux siècles plus tard, le christianisme était quasiment disparu dans son diocèse d’Afrique du Nord, églises et cathédrales étant converties en mosquées. On pourrait dire la même chose de l’apostolat de Saint Paul en Asie mineure.
De quoi nous remplir d’amertume ou de révolte contre de prétendus « responsables coupables » ? Cela n’est pas constructif et n’a pas de sens pour qui dit avoir foi en Dieu.
C’est là que nous pouvons revenir à la confirmation. Quand on parle d’une personne qui a de l’expérience, on dit que c’est quelqu’un de confirmé. Le sacrement de la Confirmation vient rappeler à chacun de nous que c’est l’Esprit-Saint, reçu et accueilli, qui fait de nous des chrétiens confirmés. Plus que jamais, il n’est pas possible de rester un chrétien « en culotte courte », quelqu’un qui s’accroche à des valeurs prétendument chrétiennes ou qui entretient avec nostalgie le souvenir d’un passé révolu : « dans mon jeune temps… »
Je peux témoigner de ce que j’ai perçu chez nos confirmés des dernières années. Ils sont à l’opposé de notre pessimisme. Regardons leur enthousiasme, leur curiosité, leur joie retrouvée. On les voit prendre des responsabilités en Église, témoigner dans le cadre familial ou professionnel, chercher à se former, donner de leur temps et de leur générosité. Et souvent, ils s’étonnent de la tiédeur de ceux qui sont tombés dans la religion « quand ils étaient tout petits » ! Nul doute que l’Esprit-Saint est toujours à l’œuvre. Lui ne baisse pas les bras. Il continue de croire en nous, alors même que nous ne croyons pas en lui ! Et c’est Lui qui tient solidement dans sa main se monde apparemment en ruine !
Et toi, qu’as-tu fait de ta Confirmation ?
Père Rémy CROCHU, curé