Nous voici entrés en Carême. L’évangile nous en a rappelé les grandes lignes du programme. Et, en venant dans un instant recevoir l’imposition des cendres, nous donnerons notre consentement à nous convertir, c’est-à-dire nous tourner résolument vers le Seigneur. On peut être tentés de se donner des moyens concrets pour y parvenir. Attention cependant à ce que ces moyens ne fassent pas figure d’actes pieux de privation ou de générosité qui soient finalement une manière subtile de flatter notre orgueil. Je trouve très opportun à ce titre d’interroger chacune de nos « résolutions » en les passant au crible de ce que nous disait Saint Paul dans la seconde lecture : ne pas « laisser sans effet la grâce reçue du Christ ». C’est-à-dire accueillir le don gratuit et premier de Dieu qui s’est donné à nous, en Jésus-Christ et nous en montrer dignes. Et cela de 3 façons :

1) Le Carême est un moment favorable pour ouvrir nos bras devant Dieu pour « rendre grâce ». Un temps pour ne pas laisser sans effet « la grâce que nous avons reçue » du Christ qui nous a aimés et nous aimera toujours, sans conditions. Peut-être entendrons-nous l’appel, durant ce carême, à plus de fidélité dans la prière et l’action de grâce, dans la pratique des sacrements du pardon et de l’eucharistie. Peut-être entendrons-nous l’appel a rejoindre un groupe de louange (il y en a deux sur nos paroisses) ou un temps d’adoration parmi les divers rendez-vous hebdomadaires proposés.

2) Le Carême est aussi un moment favorable pour tendre la main vers Dieu. Un moment favorable pour se « retirer dans sa chambre » intérieure et prier celui qui est « là, dans le secret » de notre cœur. Je vous propose quelques pistes à explorer : que faisons-nous de ceux qui se sont confiés à notre prière ? Quelle place donnons-nous à la lecture et la méditation de l’Evangile ?

3) Le Carême est encore un moment pour tendre la main vers l’autre et spécialement les éprouvés. Nous vivons une époque dominée par l’exclusion, la suspicion, la séparation, la violence verbale ou même physique, ou pire encore par l’indifférence. Nous devons reconnaître que, nous chrétiens, nous ne sommes pas toujours les meilleurs modèles de vertu en la matière. Regardons nos relations en famille, au travail, nos conversations, nos gestes du quotidien : au volant, dans la rue, dans nos cercles de relation, avec nos voisins… Quelle place donnons-nous à celui qui est différent. De qui nous sentons nous les frères et le sommes-nous vraiment de « tous », selon l’expression du pape François : « fratelli tutti ?

Le Saint Père, comme vous le savez, nous a invités, durant l’année 2021, à porter notre regard sur la figure particulière de Saint Joseph, père sur la terre de Jésus. Durant ce Carême (et nous vous en reparlerons plus en détails ce dimanche), c’est à l’école de Saint Joseph que nous nous mettrons. Joseph qui a vécu son propre « Carême » en consacrant sa vie à veiller sur Marie et sur l’Enfant Jésus, dans une telle discrétion que les Évangiles ne nous rapporteront de lui aucune parole mais seulement des actes. Et quels actes ! Il sera l’homme à la hauteur pour écouter la voix de Dieu, pour prendre les bonnes décisions, pour veiller à l’éducation de son enfant et enfin pour lui céder la place en s’effaçant. Nous avons-là non seulement une belle figure de père mais aussi une belle figure de chrétien qui sait ouvrir ses bras et tendre sa main vers Dieu et vers les frères.

Je vous souhaite chacun, je nous souhaite à tous, un bon temps de montée vers Pâques, un heureux temps de Carême, à l’école de Saint Joseph.

Père Rémy Crochu, curé.

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