Sauvons Noël !

La période des “fêtes de fin d’année” (la formule permet à la culture dominante d’éviter de parler de Noël « pour ne choquer personne » !), est à la fois une période attendue et redoutée. Il y a plusieurs raisons à cela. Nous nous faisons tous — croyants ou non — une représentation très “famille” de ces vacances : on se réunit, souvent plusieurs générations ensemble, on fait la fête, on partage des cadeaux… Et on se promet d’être aimables, au passage… En effet, qui dit “famille” dit aussi recomposition de cette petite cellule parfois idéalisée (« ha, les noëls en famille ! »), souvent caricaturée, où chacun retrouve avec plus ou moins d’enthousiasme sa petite place d’aîné ou de « petit dernier », de préféré ou de mal aimé. Sans parler des disparus de l’année ou des malades… Ceux-là, bien malgré eux, ternissent un peu la fête. Et que dire de ceux qui passeront Noël dans la solitude volontaire ou subie ? On pourra essayer de ne pas y penser, bien sûr… Pas très « catholique », quand-même !

Et ce n’est pas tout ! Il y a la pandémie et la contagion qui s’aggrave avec l’hiver et un variant Omicron bien mystérieux… Aucun doute : le sujet ne va pas manquer de s’inviter dans nos familles à Noël (si ce n’est déjà fait !).

Que déciderons-nous ? Évidemment, il y a un lieu qui va mettre tout le monde d’accord, ce sont nos églises puisque, grâce à un arrêté du Conseil d’État, on n’y exige pas le “pass sanitaire” ! Et les uns me disent (les « pro-vax») : « Ne craignez-vous pas, père Crochu, qu’on risque de créer des “Cluster” dans nos célébrations rassemblant autant de monde ? ». Et les anti-vax rétorquent : « Noël se fout pas mal d’une prétendue épidémie qui n’est rien d’autre qu’une grippette saisonnière ! ». À ce stade, je n’ai pas de mal à imaginer les conversations de table autour de la buche, surtout quand les petits cousins se “claqueront la bise” comme si de rien n’était et que le tonton Marcel aura son petit coup dans le nez !… Autre solution : remettre la fête à l’an prochain (oups !)…

Tous, nous rêvons de réunir une famille idéale qui n’existe pas et n’a jamais existé. Ceci valant du reste pour la paroisse où il serait imbécile de chercher le confort d’une « petite messe de Noël bien tranquille » et si possible « bien animée et joyeuse ». Une messe « comme avant » où on chanterait avec la larme à l’œil nos vieux cantiques préférés !

Je n’ai pas de solutions miracle. Sinon de souhaiter que les uns et les autres commencent par se demander si les convictions (souvent “pseudo-scientifiques” : « c’est le professeur machin qui l’a dit ! ») ont plus d’importance que les personnes qui les portent et si elles justifient qu’on se « foute sur la g. », ce soir-là.

Une chronique sur France-Inter suggérait ces jours-ci de prendre un peu de hauteur et de s’engager le soir de Noël à « dire au moins à 3 personnes proches que nous les aimons ». J’aime. L’Évangile nous renvoie à la Crèche initiale où, dans la rudesse d’un hiver glacial, loin de chez elle et rejetée par l’aubergiste, la Sainte Famille s’était retrouvée, pauvre parmi les pauvres, pour fêter le premier Noël. Un peu de pudeur verbale et d’humilité, les amis : le Sauveur n’est pas celui que vous croyez !

Père Rémy  CROCHU

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