Repères pour nouveau « Notre Père »
Avec l’entrée en Avent coïncidera cette année la réception d’une nouvelle traduction du Notre-Père dans tous les pays de langue française. Modifier cette prière n’allait pas de soi tant sa formulation fait consensus, et il aura fallu de bonnes raisons pour se risquer à la modifier. Profitons-en déjà pour nous rappeler que cette prière — qui nous vient de Jésus lui-même — prend un statut très particulier quand elle est employée dans la liturgie. Tout comme le Crédo ou le Gloria, ce sont des textes sur lesquels s’accordent les chrétiens depuis des siècles, au nom de leur unité profonde (« catholicité » de l’Eglise). Et le « Notre Père » est l’un des 4 piliers du catéchisme de l’Eglise catholique*.
Ce qui change : la petite phrase : « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Pourquoi ? C’est une question de sens, et de bon sens. Dieu ne « tente » pas. Il n’est pas le « tentateur » : cette fonction est tristement remplie par un autre que la même prière appelle le « Mal ». Avec une majuscule pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté là non plus.
La langue grecque (des évangiles) n’était pas facile à traduire et le « ne nous soumets pas » pouvait laisser entendre que c’était Dieu lui-même qui pouvait nous inspirer une conduite mauvaise. Or, la lettre de Saint Jacques affirme l’inverse : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : ‘Ma tentation vient de Dieu’, Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne » (Jc 1, 13).
Restait à trouver le mot le plus ajusté. Le choix du verbe « entrer », sans être directement le mot employé par la langue des évangiles, reprend l’idée d’un mouvement contenu dans le terme originel. C’est bien l’homme et non pas Dieu qui est incliné au péché. Dieu, lui, par son Fils et dans l’Esprit-Saint, est notre force dans le combat contre les tentations.
Puisqu’il s’agit de « tentation » — profitons de l’occasion — de quoi s’agit-il ? Le même apôtre ajoute : « Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit » (Jc 1, 14). Dans une intention de prière de ces derniers jours, j’ai entendu une définition qui m’a semblé heureuse : la « tentation de ne pas reconnaître Dieu comme ‘notre Père’ ». C’est peut-être la pire tentation qui guette notre monde sans repère (re-père !). Un monde où nous sommes tentés de remettre en cause toute forme de paternité, d’autorité, de reconnaissance, y compris vis-à-vis de Dieu.
Seigneur, nous te le demandons : ne nous laisse pas entrer en tentation, mais… laisse-nous entrer… dans le cercle de tes bras paternels, et libère-nous de la tentation de n’être pas (ou pas assez) des ‘pères’ ou repères pour tous ceux qui, autour de nous, sont ‘sans-père’ ou sans repères. Amen.
*Pour approfondir la prière du Seigneur : voir article ci-dessous, « 8 Fiches pour méditer le « Notre-Père ».
Père Rémy CROCHU
8 fiches pour méditer le « Notre-Père »
Avec l’entrée en Avent, le diocèse nous proposera de prolonger l’expérience des « Equipes JEM » de l’an dernier en offrant un ensemble de 8 fiches sur le thème du « Notre-Père. Il s’agit de profiter de la modification du texte pour méditer autour du sens des 8 expressions que contient cette « oraison dominicale » (= prière du Seigneur), en les prenant une à une. Ces fiches seront donc un support bienvenu pour relancer ou démarrer les « Fraternités d’Evangile ».
Fraternités d’Evangile
C’est (re-)parti ! Merci à tous ceux qui ont répondu à l’appel. Et nous encourageons ceux qui sont tentés à rejoindre, voire créer, une Fraternité. Des petits dépliants ont été réalisés pour les présenter. Ils seront distribués aux messes. N’hésitez pas non plus à en demander : ils ont pour but d’appuyer une proposition faite de vive voix à un ami, un voisin, une connaissance…
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