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21 mai 2020

Nous fêtons l’Ascension du Seigneur, son enlèvement au Ciel. C’est vers le ciel que nous regardons vers ce ciel qui nous attend. Ce ciel où tant d’êtres aimés nous attendent et que nous finirons tôt ou tard par rejoindre. Mais nous avons aussi entendu la parole des deux anges de l’Ascension : « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? ». L’Ascension du Seigneur n’est pas un point final mais plutôt l’annonce d’un commencement : celui de l’Eglise de Pentecôte. « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit-Saint. Vous serez alors mes témoins, (ici et) jusqu’aux extrémités de la terre. » C’était dans la première lecture. Et l’Évangile, il y a un instant, l’a exprimé d’une autre manière : « Allez ! De toutes les nations, faites des disciples : baptisez-les, enseignez-les ». Je vous propose de méditer ce mystère de l’Ascension à l’aide d’une image : celle de l’arbre. Ou plus exactement l’image de la sève, des fleurs et des fruits. La sève, c’est l’Esprit Saint, les fleurs l’Église, et les fruits la fécondité missionnaire de l’Église.

Commençons par la sève. Vous connaissez sans doute ce poème de Thérèse de Lisieux : « Il est sur cette terre un Arbre merveilleux. Sa racine — ô mystère ! — se trouve dans les Cieux… » L’Esprit Saint est pour l’Église ce que la sève est pour l’arbre. L’Église se ressource à la sève de l’Esprit Saint, elle se ressource par le haut ! Ainsi en est-il de chaque chrétien lui-même qui est invité à se nourrir à cette Source : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit-Saint. » Sans l’Esprit Saint, l’église est une galère qui avance à la rame ! Avec l’Esprit-Saint, c’est un fier navire qui marche à la voile ! Et si Jésus nous fait aujourd’hui cette promesse : « je suis avec vous tous les jours et jusqu’à la fin du monde », c’est désormais par l’action de son Esprit Saint qu’il sera donné de le voir et le reconnaître, lui qui nous reste désormais invisible. Le temps du confinement nous aura coupé de la source de l’Eucharistie et des autres sacrements. Mais il ne nous aura pas coupé de l’Esprit-Saint qui continue de monter en nous comme la sève quand nous fermons les yeux pour la prière, quand nous les rouvrons pour écouter, servir, aimer. Voilà pour la sève.

En second lieu, les fleurs. L’arbre de la foi produit des fleurs en abondance, toutes uniques et pourtant nécessaires, toutes secrètement liées les unes aux autres par la sève d’une même sève. À l’Ascension, Jésus semble dire aux apôtres : soyez, chacun de vous, un signe visible de ma présence devenue invisible. Je me réjouis si cette période fait monter dans le cœur des hommes un désir nouveau de prière, de conversion, d’élan vers le ciel ou d’élan vers les autres. Nous voyons au moins certains s’interroger sur le sens d’une existence trop centrée sur soi, pas assez sur les autres et sur Dieu. C’est déjà un pas…

La sève, les fleurs et donc les fruits. Ce que Jésus commande aux disciples à l’heure de son départ vers le ciel, c’est de « faire des disciples ». Mais, attention : la vocation de l’Église, c’est de faire des disciples… missionnaires ! La destination d’une fleur, ce n’est pas de rester fleur, mais de devenir fruit. Jésus n’a pas dit qu’il voulait rassembler chaque dimanche un joli bouquet de fleurs. Il a demandé que ces fleurs deviennent ce à quoi elles sont destinées : des fruits, des graines. Des fruits, des graines qui, jetées en terre, parfois douloureusement, finiront par donner naissance à leur tour à d’autres arbres. « Vous serez mes témoins », dit Jésus aux apôtres. Et je crois que c’est aussi valable pour nous. Des témoins : c’est à dire des croyants qui donnent à voir l’Evangile en actes dans leur vie et qui ont l’audace d’en nommer la source : le Christ ressuscité. Car « sans moi, dit Jésus, vous ne pouvez rien faire… »

Rémy Crochu, curé.

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