Quelle est ton intimité avec Dieu ? Notre compréhension du mystère de la Trinité que nous méditons aujourd’hui dépend de la réponse que nous donnons à cette question : quelle est notre intimité avec Dieu ?

Alors que nous redirons dans un instant le crédo — « Je crois en un seul Dieu, le Père, le Fils et le Saint Esprit » — je vous invite auparavant à prendre conscience de l’importance d’un tout petit mot, si petit qu’il passe inaperçu : « en ». Deux lettres : e-n. Nous utiliserons ce mot à trois reprises pour évoquer Dieu et notre foi « en » Lui. En effet, tout est une question de positionnement par rapport à lui. Je m’explique.

Il y a ceux qui le regardent ou pensent Dieu comme de l’extérieur : il y aurait Dieu et il y aurait moi, l’un face à l’autre, comme dans une sorte de duel. J’ai personnellement longtemps été habité par cette idée d’un Dieu extérieur, auquel je pouvais faire appel de temps à autres, mais étranger la plupart du temps à ma vie ordinaire. Un Dieu plus ou moins proche. Un Dieu que je pouvais visiter de temps en temps, inviter à l’occasion, dans l’idée qu’il était tellement grand, qu’il était bien peu probable qu’il puisse s’intéresser à ma petite personne… Je vous donne ce témoignage très personnel, avec la conviction qu’il rejoint l’expérience de beaucoup parmi nous, et aussi la conviction qu’on connait moins Dieu par des définitions du dictionnaire et générales que par l’expérience progressive et même par une vie entière ! Et ce travail est à faire par chacun de nous. On ne peut pas y couper.

Mais cette première conception de Dieu n’est qu’une conception « extérieure ». On m’a beaucoup parlé de la guerre de 14, et je m’en suis fait une certaine idée à la longue, moi qui suis né bien des années après, notamment grâce à des reportages ou à des films. Mais on conviendra que c’est une connaissance extérieure et que seul un poilu savait, lui, quel enfer ce fut. Ce qui fait dire à bien des gens, à propos de ceci ou de cela : « tu ne peux pas comprendre ! Tu n’es pas à ma place, toi ! »

La manière du crédo de nous dire Dieu consiste à nous proposer de changer de place et de nous mettre non pas face à Lui mais « en » Lui. Une jolie manière de comprendre ce que je vous dis, c’est celle du plongeur qui, après être resté sur le rivage à contempler la mer, se décide à mettre la tête sous la surface. J’ai eu la chance de plonger dans la Mer Rouge à plusieurs reprises. Tu marches sur une plage nue et aride, brûlée par le soleil, et soudain te voici en train de flotter au milieu de milliers de poissons extraordinaires, dans un aquarium infini, bien plus beau que tous ceux qu’on visite justement « de l’extérieur ». La condition étant d’être toi-même un poisson — « comme un poisson dans l’eau ». Le problème, c’est que nous ne le sommes pas ! Pour vivre en Dieu, il faut respirer comme respire Dieu. Il faut l’Esprit-Saint qui seul nous rend capables de Dieu, capables de le voir et de vivre « en » lui.

L’image des poissons et de la mer n’est qu’une image. Mais remarquez que c’est par le dessin d’un poisson que les premiers chrétiens se reconnaissaient entre eux. Et le poisson par excellence, c’est pour nous le Christ, vrai Homme et vrai Dieu, qui s’est offert en nourriture pour nous sur la croix. Les fameux « 2 poissons » de la multiplication des pains, en quelque sorte. Le Christ nous a dit par sa vie entière : J’ai donné ma vie pour toi, pour que toi aussi, en donnant ta vie pour tes frères, tu sois comme un poisson dans l’eau et que tu découvres l’océan de l’amour de Dieu. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit EN lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » Tu veux Connaître Dieu ? Alors, toi aussi, plonge-toi en lui !

Père Rémy Crochu, curé.

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