Les vierges folles et les vierges sages (Matthieu 25, 1-13)
Jésus propose aujourd’hui une parabole qui a pour cadre un mariage. Les coutumes du mariage à l’orientale sont bien différentes des nôtres, aujourd’hui. En orient, le fiancé vient chercher sa fiancée chez elle pour la conduire, en cortège, chez lui. Le cortège est constitué principalement des amies de la fiancée qui accourent vers les deux amoureux pour les entourer d’un cercle de lumière et de chants. La maison de l’époux deviendra désormais la maison de l’épouse dès leur première union.
L’image est forte. Jésus veut nous dire une fois encore que nous sommes tous faits pour nous unir éternellement à Dieu dans sa maison céleste. La fiancée, c’est tous ceux qui vivent au plus près le message évangélique et qui ont fait de leur vie une réponse d’amour à l’amour premier de Dieu. Les 10 vierges représentent ceux et celles qui, touchés par le témoignage vivant de sainteté laissé par l’épouse (ce peut être une personne du présent aussi bien qu’un témoin du passé), la prennent en modèle et cherchent, par une vie sainte, à devenir digne du même honneur.
J’ai vécu récemment un mariage où les époux étaient tellement rayonnants d’amour l’un pour l’autre que, manifestement, ils faisaient des jaloux parmi leur proches amis ! Et il n’est pas rare de voir des plus jeunes chercher à « copier » le modèle de tels ou tels aînés ! C’est naturel.
Le problème des vierges folles est qu’elles se sont laissées gagner par le sommeil. Elles symbolisent ceux qui, pour de multiples raisons, ont perdu la fraîcheur du cœur, l’élan joyeux de leur jeunesse en fleur. Ce sont ceux qui ont laissé lentement le poison du péché les anesthésier, les endormir. Ceux dont les projets sont à court terme et qui ne s’étonnent plus de voir des gens se projeter dans le temps, former de grands projets de vie.
Les amis, la lampe dans la nuit, c’est la foi. C’est elle qui nous sert ici-bas de guide pour marcher vers la maison des noces. Comme il est réconfortant de rencontrer, y compris avancées en âge, des personnes dont la lampe de la foi est restée brillante. Et même de plus en plus brillante. J’ai souvent rencontré (pas assez sans doute !) des personnes âgées qui étaient d’une extraordinaire jeunesse de cœur. A l’inverse, on rencontre parfois des jeunes qui, ne travaillant pas sur eux-mêmes, ressemble à de « petits vieux », tant leur existence est devenue médiocre et terne.
La leçon d’aujourd’hui se résume à un mot : vigilance ! Il est si facile de se laisser endormir par la vie apparemment facile que nous propose ce monde, par la tiédeur de la foi. Rester en éveil, c’est garder la double vigilance de la prière et de la charité. L’huile de la prière de ceux qui ont le cœur en veille et savent se réjouir. Et l’huile de la charité de ceux qui restent attentifs aux besoins de leurs frères en qui ils reconnaissent la présence cachée de Dieu.
L’image parfaite de la « vierge sage » est la bien nommée Vierge Marie. Elle a gardé éveillée l’élan de son âme de jeune fille. Et c’est la raison pour laquelle nous la prions avec admiration : « tu es bénie entre toutes les femmes ! ». Vierge Marie, « prie pour nous, pauvres pécheurs », pour qu’à ton exemple, nous restions en éveil, « maintenant et à l’heure de notre mort », à l’heure où l’Époux viendra et nous prendra avec lui.
Père Rémy CROCHU, curé