Ce Dimanche de la miséricorde nous pousse à regarder comment cette « miséricorde » de Dieu s’exerce d’une manière particulière sur l’apôtre Thomas. Pas de veine pour lui. Que faisait-il le soir du jour de la résurrection ? Aucune précision dans l’évangile. Cependant, quelle grâce pour les incrédules que nous sommes ! Avec Thomas, nous sommes poussés à croire l’impossible ! Et nous savons que Thomas, les années qui suivront, ne déméritera pas dans le collège des 11 apôtres de la résurrection.

Remarquez bien que si Thomas avait mis en doute la parole de ses compagnons, ceux-ci aussi avaient mis en doute celle des femmes revenant du tombeau. Et la question qui est abordée ici, c’est la foi à l’épreuve du témoignage. L’épreuve du témoignage des femmes, pour Pierre et Jean ; l’épreuve du témoignage des apôtres, pour Thomas. Nous touchons ici à quelque chose de très important pour nous encore, aujourd’hui : la question de la crédibilité des témoins de la résurrection, sachant que personne n’a jamais vu Jésus sortir vivant du tombeau !

Il est traditionnel de dire que les témoins de la résurrection sont de trois espèces : Les disciples-missionnaires du Christ, la Parole de Dieu et les Signes. Je les reprends rapidement, sachant qu’on les retrouve tous trois dans le récit :

1) Les disciples-missionnaires du Christ, ce sont ceux qui ont l’audace d’affirmer, dans la force de l’Esprit Saint : « Nous avons vu le Seigneur ».

2) La Parole : c’est ici celle de Jésus les saluant en disant « la paix soit avec vous ! ».

3) Les signes. Et si le signe ici sera celui des plaies aux mains et au côté, Saint Jean conclut par ces mots : « Il y a encore beaucoup de signes que Jésus a fait en présence des disciples ».

Si Jésus est ressuscité, il nous faut reconnaître que cette résurrection relève et relèvera jusqu’à notre mort, d’un acte de foi : « heureux ceux qui croient sans avoir vu ». C’est désormais le mode ordinaire de la rencontre avec le Christ, en attendant le jour où nous le verrons face-à-face ! Voilà comment s’exerce la miséricorde de Dieu sur Thomas : il lui témoigne de son amour à travers ses frères, à travers sa Parole et à travers des signes. Suscitant dans le cœur de Thomas, ce cri de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Exprimons notre gratitude — on ne le fait jamais assez ! — pour ceux qui auront été des témoins crédibles dans notre vie, notre gratitude pour des Paroles de la Bible qui auront eu de l’importance dans notre chemin de foi, notre gratitude pour les signes que nous aurons repérés comme étant des « clin Dieu », des manifestations du passage de Dieu invisible dans notre vie.

Rappelons-nous enfin que, derrière ces témoins, la Parole ou les Signes, c’est l’Esprit-Saint qui nous rejoint et vient brûler notre cœur.

Je me souviens de mes premières rencontres avec celui que nous avons baptisé dans la veillée pascale, à Nozay. Nous avons commencé la lecture continue de l’évangile de Saint Marc. Il est aussitôt touché par le récit des 4 porteurs du paralytique qu’on descend par un trou dans le toit de la maison où est entré Jésus. Il se tourne vers moi, visiblement ému : « Vous ne vous rappelez pas mon métier ? Je suis brancardier ! ». Le Seigneur lui envoyait un signe et il le comprenait parfaitement : « Je ferai de toi un brancardier pour conduire tes frères au médecin que je suis ».

Le Seigneur passe, comme il est passé dans la vie de Thomas. Croyons avec la vierge Marie que « sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent », sur ceux qui croient en lui grâce aux témoins qu’il leur a donnés.

Père Rémy CROCHU

HOMELIE-DU-7-4-2024

Père Jean Michel POUPARD

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