Du sel et de la lumière. Jésus, dans le discours qu’il prononce sur la montagne devant les foules qui s’y sont réunies, prolonge par ces deux images les Béatitudes qu’il nous a offertes, la semaine dernière, comme promesses de vrai bonheur. Sel et lumière, c’est d’abord de lui, Jésus, qu’il s’agit. Sel et lumière, c’est cependant ce qu’il nous demande d’être dans notre vie.
Du sel. Jésus est comme le sel dans les aliments. En sa présence, tout prend un goût nouveau, une saveur nouvelle. A son contact, Zachée a retrouvé le goût de partager, la Samaritaine celui de croire et de témoigner, le lépreux celui de vivre, la prostituée de Magdala le goût d’aimer saintement… J’entends souvent les jeunes dire : « Je suis dégoûté ». Jésus veut nous apprendre le vrai goût de notre propre vie et il veut que nous ayons nous-mêmes du goût pour ceux dont la vie est fade. Comment ferons nous pour réveiller le goût de ce monde si nous sommes nous-mêmes sans saveur ? Et peut-être que c’est l’absence de chrétiens « savoureux » qui fait que se répandent des gens de « mauvais goût » dans nos journaux, sur nos écrans, dans nos écoles ou notre société.
De la lumière aussi. Les papillons, la nuit, semblent vouloir se jeter sur les phares de notre voiture dans un mouvement suicidaire. Jésus n’est pas une telle lumière qui éblouit et qui tue. Si quelqu’un veut voir dans le noir et qu’il a une torche dans la main, il ne sera pas avancé s’il la tient devant ses yeux. Au contraire, il la met sur le côté pour voir. Il en est ainsi de Jésus. Il ne dit pas « regardez-moi ! » (comme le font les orgueilleux et les stars) : il tourne ceux qui l’approchent vers son Père et notre Père. Il ne se donne pas en spectacle : il prend la place du plus petit, du crucifié qu’on jette hors de la ville. Ce monde a besoin de chrétiens « lumineux », même si ce monde semble lui préférer l’obscurité. Pas de chrétiens qui ramènent à eux mais qui renvoient vers celui qui est la Lumière véritable. Je crois pour l’avoir souvent vérifié dans ma propre vie que la présence de chrétiens lumineux en ce monde est l’antidote du désespoir.
Que chacun s’interroge : « Quel geste concret je pourrais poser pour être aujourd’hui un peu plus « sel de la terre » , « lumière du monde », et devenir ainsi pour ceux que je rencontre un « chrétien savoureux », un « chrétien lumineux » ?
HOMELIE-DU-5-2-2023Père Jean Michel POUPARD