Soulager ou abréger la souffrance 

Depuis les origines de l’humanité et dans toutes les cultures, on se pose la question de la souffrance et de la mort qui semblent « inhumaines ».

Cette question touche et interroge chacun d’entre nous. La mort est là, inévitable, avec souvent son cortège de souffrances. Spontanément, on peut dire qu’elle effraie. Oui, nous ne sommes pas faits pour la mort, même si, avec Saint François d’Assise, nous reconnaissons que « nul homme vivant ne peut échapper à la mort corporelle » (Cf. le « Cantique des Créatures »).

Mais, les chrétiens, croient que la mort est le passage de la vie en ce monde à la vie éternelle avec Dieu. Et nous prions parce que nous voulons que nos défunts connaissent le bonheur éternel. Cependant, il faut reconnaître qu’aujourd’hui, le scandale porte davantage sur la question de la souffrance, surtout à une époque où la médecine a progressé au point de savoir soulager la douleur physique et parfois même psychique. Et se développent des unités de soins palliatifs destinées à accompagner médicalement mais aussi humainement les souffrants et leur entourage, y compris dans leurs besoins spirituels respectifs. Et comme il serait heureux que tous puissent bénéficier de tels services !

Mais il faut reconnaître aussi que, dans bien des cas, les traitements semblent impuissants à soulager de la douleur. Une douleur telle qu’elle peut susciter le désir de mettre fin à sa vie. Doit-on pour autant « aider à mourir » ?

Dans son message pour la 31e Journée Mondiale du Malade (le 11 février 2023), le pape François rappelle la prophétie d’Ézéchiel : « La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces […] je la ferai paître selon le droit » (Ez 34, 15-16). Et il commente ces versets en expliquant que « le Seigneur est Père et il ne veut perdre en chemin pas même un seul de ses enfants. »

Je garde personnellement le souvenir des derniers jours de mon propre père. Faisant quelques pas sous le regard de son kinésithérapeute, il finit par lui dire : « A quoi bon : vous savez bien que je vais bientôt mourir ». L’homme lui fit alors cette réponse, en forme de reproche : « Monsieur, il ne vous appartient pas de décider vous-même du mystère de l’heure de votre mort ! »

La question centrale, devant la souffrance et la mort, est celle de « l’intention » de celui qui la désire ou qui la donne : soulager ou abréger la souffrance ? La réponse chrétienne est simple et claire : servir la vie, à tout prix. C’est le sens de la comparaison que le pape François fait de l’Église avec « un bon “hôpital de campagne”. » Il y a encore trop d’exemples de situations où la mort est la conséquence d’un défaut d’attention, de soutien fraternel, de solidarité humaine avec celui qui souffre et pour qui la mort programmée ne peut en aucun cas être un « moindre mal » ou un « progrès ». Or, ce n’est pas quand la mort approche qu’on doit se préparer lui faire face. C’est le travail de toute une vie : « Sainte Marie, prie pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort ». Que la Vierge Marie intercède auprès de Dieu : pour nous, pour nos soignants, pour nos législateurs…

Père Rémy CROCHU

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