Homélie du 4 6 2023

Lien vers les lectures de ce dimanche.

Qui donc est Dieu ? Nous célébrons la fête de la Trinité. C’est ce que nous confessons en disant le Crédo. Mais — reconnaissons-le — nous n’aurons pas assez d’une vie entière pour en pénétrer la profondeur. Il faudra attendre le 14ème siècle (1334) pour que l’Église inscrive cette fête au calendrier liturgique (en 1334). Non comme une simple dévotion, mais comme la confession annuelle et solennelle, humble et reconnaissante, du plus grand de tous les dogmes, du mystère central de la foi chrétienne.

L’un des grands défis de l’Église ces derniers temps, c’est bien de révéler ce mystère aux hommes de bonne volonté, alors que nos contemporains sont souvent « déistes ». Ils veulent bien parler d’une « entité » supérieure mais à laquelle ils ne reconnaissent aucun contenu précis : « Je crois qu’il y a quelque chose au-dessus de nous », disent-ils seulement.

Qui donc est Dieu ? La première chose sur Dieu que nous pouvons affirmer avec certitude — et peut-être même la seule ? — c’est que nous ne le connaîtrons jamais vraiment, sinon au jour du grand « face-à-face » éternel. Cependant, ce que nous avons l’audace d’affirmer sur Dieu, nous le tenons des Écritures et de la Tradition multi-séculaire de l’Église. Jésus, en quittant cette terre nous a dit : « De toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28.19). C’est la formule la plus explicitement trinitaire des évangiles. Les chrétiens sont « monothéistes » — c’est-à-dire qu’ils croient en un Dieu unique. « Ce qui fait dire par exemple à Saint Jean que notre vocation est de « connaître Dieu, le seul véritable Dieu ». Mais l’Église, dans son crédo, décline l’identité du Dieu unique — « je crois en un seul Dieu » — à travers les trois figures ET du Père, ET du Fils, ET du Saint-Esprit, et donc intimement liées entre elles. Au-delà de la formule, nous apprenons peu à peu à reconnaître en chacune des « personnes » divines, et dans le lien qu’elles entretiennent entre elles, quelque chose d’essentiel à notre foi et à notre vocation.

Je vous propose une image poétique pour se le représenter. Sachant que les images valent toujours ce qu’elles valent : Dieu le Père est amoureux. Saint Jean affirme que « Dieu est Amour. Le même Jean rapportait à l’instant dans son évangile les mots de Jésus à Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde… qu’il a donné son Fils unique. » En effet, pour nous dire son amour pour nous, il nous a envoyé son Fils qui est le baiser d’amour du Père : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » J’emprunterai volontiers les mots du poète Aragon pour l’exprimer autrement : « Je suis né vraiment de ta lèvre, ma vie est à partir de toi ». Les « nouveaux-nés » dans l’Esprit-Saint peuvent seuls prononcer devant Dieu cette réponse amoureuse à Dieu amoureux. l’Esprit Saint est alors le feu brûlant en nous de cet amour divin : « Notre cœur, disent les pèlerins au retour d’Emmaüs, n’était-il pas tout brûlant en nous tandis que Jésus nous expliquait les Écriture ? » (Cf. Luc 24). Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, déploie en quelque sorte dans les trois Personnes divines, chacune dans son propre rôle, le même mystère d’amour dont nous sommes les gracieux bénéficiaires !

Il ne reste plus à l’humanité, alors, qu’à faire de sa vie entière une réponse amoureuse à Dieu qui « a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils pour le sauver et lui donner la vie éternelle » auprès de lui.

Père Rémy CROCHU

HOMELIE-DU-4-6-2023

Père Jean Michel POUPARD

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