« Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ». C’est avec autorité que Jésus prêche, guérit, commande aux éléments, remet les péchés, ou chasse — comme aujourd’hui — les démons. Jésus ne dit pas de qui il a reçu cette autorité, mais, sur chacun de ses actes, il pose la signature de Dieu : « C’est par mon Père que tout pouvoir m’a été donné », dira-t-il dans ses ultimes paroles, à l’Ascension (Mt 28, 8).

Le mot qui traduit cette « autorité » du Christ, dans le Nouveau Testament (exousia, pour faire savant !) désigne le pouvoir de faire certaines choses. Toutes les Écritures enseignent que Dieu seul est la source de toute autorité (Rom. 13:1). Il est le Dieu « Tout-Puissant ». Mais le nouveau testament apporte cette précision : cette autorité a totalement investi son Fils et ceux qui accompliront leur mission en se laissant conduite par l’Esprit du Christ : pour gouverner, enseigner, juger, guérir, conseiller, compatir, etc. Ainsi « l’autorité » d’un pasteur, d’une catéchiste, d’un laïc missionné par l’Église, d’un animateur en pastorale, et même de parents. Toute fonction qui a fait l’objet d’un envoi en mission, d’une « autorisation ».

Mais regardons plus en détail comment Jésus use lui-même de son « autorité ». Il n’impose rien, il laisse libre bien au contraire. Pensons à la manière dont il s’y prend avec Zachée, La Samaritaine, la femme adultère, etc. Pensons aussi aux paraboles par lesquelles il nous enseigne que Dieu aime, écoute, laisse libre. Ainsi « l’enfant prodigue » ou « le bon grain et l’ivraie ».

Cette autorité est fondamentalement différente de celle du monde actuel qui s’exerce à toute fin de dominer, d’asservir. Aussi discerne-t-on si tel ou tel chrétien exerce ou non son autorité à la manière du Christ : s’il apparait qu’il se laisse lui-même inspirer par l’autorité du Christ, s’il agit à la manière et sous l’inspiration du Christ. Autrement dit, on ne doit écouter et obéir à une personne (y compris une autorité ecclésiale) que lorsqu’elle reflète la pensée du Seigneur, l’autorité du Seigneur. La première lecture le dit fort bien à propos de l’autorité des prophètes. « Un prophète qui oserait dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, dit le Seigneur, ou qui parlerait au nom d’autres dieux, ce prophète-là mourra. »

Or, le principe moteur de l’autorité du Christ, c’est l’amour. C’est cet amour là qui commande, par exemple, à Jésus de chasser le démon dont il est question dans cette page d’évangile : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » Aussi, est-ce par amour que l’homme est libéré, non pas pour montrer qui est le plus fort, qui est le chef ! L’autorité dans laquelle on ne discernerait pas un minimum de bienveillance, d’encouragements, de douceur, ne serait pas l’autorité au sens chrétien du terme.

Tel est l’appel du Seigneur, aujourd’hui : reconsidérer notre manière d’exercer notre autorité, quelles que soient nos missions respectives, en tout lieu et sur chacun de ceux qui nous sont confiés.

Père Rémy Crochu, curé

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