« Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé ». Ne cherchez pas dans les lectures ce petit verset de Saint Paul. Et pourtant, il suit immédiatement le passage de la lettre aux Romains, cité en seconde lecture. « Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé », conclut l’apôtre qui vient de montrer que la désobéissance du premier Adam au jardin d’Eden sera lavé par l’obéissance du second Adam, le Christ, au jardin du Calvaire. Et si le premier péché a contaminé en quelque sorte l’humanité entière, la grâce de Dieu dans le Christ sera le “vaccin” pour toute l’humanité blessée. La crise mondiale du Covid 19 peut être lue comme une illustration de cela. Quand Jésus est tenté au désert, il annonce la fin de la pandémie universelle par sa fidélité à Dieu son Père, repoussant à trois reprises les assauts du démon, l’antique serpent de la Genèse. Cependant, le monde est resté malade (remarquez que dans le mot « malade », il y a le mot « Mal »). Le Mal continue son œuvre de mort en chaque homme qui en ressent alors la blessure. Non que l’offrande du Christ soit demeurée stérile, sans effet sur le Mal et le péché. Mais, si nous sommes tous  sauvés par le Christ, cela ne se fera pas sans notre contribution. On a pu entendre parfois des chrétiens dire : « je sais bien que je ne suis pas un saint, mais Dieu est amour et il me pardonnera quoi que j’ai fait ! » Ce n’est pas vrai. Lorsque nous disons la prière de Jésus, nous répétons ces mots : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal ». Et si nous disons cela, c’est bien parce que Dieu attend de nous cette demande pour nous offrir son pardon. C’est là tout le sens de la Confession. Un enfant, dans le bus, donne des coups de pieds dans la dame assise en face de lui. Elle se tourne vers la maman de l’enfant et lui demande de réagir. « Je ne donne pas d’ordres à mon enfant, rétorque celle-ci. C’est un principe d’éducation ». Au moment de sortir du bus, un homme s’arrête devant la mère et lui crache à la figure. La femme, en s’essuyant, lui dit avec colère : « Mais, qu’est-ce qui vous prend ? » L’homme lui répond alors : « Mes parents eux aussi avaient ce principe de ne pas m’interdire de faire ce que je veux. » Cette petite histoire pour comprendre que Dieu n’a pas démissionné de son rôle d’éducateur. Au contraire, il nous enseigne, il nous montre l’exemple en Jésus, il nous inspire par l’Esprit-Saint le geste qui convient… Tout en nous laissant libres de ne pas le faire !

La liberté qui nous est offerte ne consiste pas à rester dans le péché pour que la grâce surabonde, sous prétexte que nous sommes pardonnés (Rm 3, 24-26 ; Rm 6-8). La vie chrétienne propose de devenir enfant de Dieu. Et cela ne va pas de soi. Le baptême ne fait pas de nous des automates. Nous éprouvons le paradoxe de Saint Paul : « Vraiment, ce que je fais je ne le comprends pas : car ce que je veux, je ne le fais pas, mais je fais ce que je ne voudrais pas faire » (Rm 7, 15). En ce temps de carême, la prière que le prêtre dit juste après le « Notre-Père » pourrait être méditée et dite avec ferveur : « Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps. Soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve, nous qui attendons que se réalise (la venue de JC notre Sauveur)… ».

Père Rémy CROCHU

HOMELIE-DU-26-02-2023

Père Jean Michel POUPARD

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