Mt 22, 15-21 : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Le piège perfide que les pharisiens ont tenté de tendre à Jésus a donné lieu à une réponse devenue célèbre : « rendre à César ce qui est à César ». Elle signifie qu’il faut rendre tout le mérite d’une chose à son auteur : une tâche a été accomplie par quelqu’un, et « rendre à César ce qui est à César » voudra dire que ce qui a été fait est dû à cette personne. Le mérite lui revient de droit. Appliqué à Jésus, cela signifie : si ses actes sont ceux d’un homme, il faut en accorder le mérite à l’homme ; mais si ses actes sont ceux de Dieu, il faut alors en accorder le mérite à Dieu. Ainsi, Jésus coince son auditoire qui ne peut pas nier que les actes de leur détracteur sont ceux de Dieu : guérir les malades, chasser les démons, sauver les pécheurs, ressusciter les morts.

  • La seconde partie de la réponse du Seigneur n’est que son corolaire : « rendre à Dieu ce qui est à Dieu ». Je vous propose trois manières de rendre à Dieu ce qui lui revient : rendre grâce, rendre service et rendre témoignage.

La première manière de « rendre à Dieu ce qui est à Dieu », n’est-ce pas d’abord de « rendre grâce » ? Rendre à Dieu la grâce de la vie ; rendre grâce pour le don merveilleux des frères et des sœurs qu’il nous donne, rendre grâce pour sa Parole de vie, pour ses Sacrements, rendre grâce pour les grâces qu’il nous accorde malgré notre faiblesse, et même rendre grâce pour ce qui nous arrive de plus difficile. Ce qu’une religieuse, rencontrée il y a quelques années, résumait par cette formule : « Je ne sais pas si Dieu est content de moi, mais moi, je suis vraiment contente de lui ! »

  • La seconde manière de « rendre à Dieu ce qui est à Dieu » c’est de « rendre service », c’est-à-dire d’user à l’égard de tous du même amour, de la même patience, de la même sollicitude que celle dont nous avons bénéficié de la part de Dieu. Y compris le service de la nation à laquelle nous appartenons et qui exige que nous payions l’impôt qui lui est dû ! Les pharisiens, eux, étaient hostiles au règlement de l’impôt. Aussi Jésus passait-il pour un traître à leurs yeux. Mais, pour Jésus, l’enjeu n’est pas le paiement ou non de l’impôt. Ceci est bien moins important à ses yeux que le devoir de rendre à Dieu ce qui lui revient : nous avons des comptes à rendre à Dieu à qui, en quelque sorte, nous appartenons. Et l’important est que nos actes plaisent à Dieu. A commencer par tout ce que nous faisons pour les plus petits, les plus faibles à qui il s’est identifié. De ce point de vue, rendre service est une manière de rendre grâce à Dieu.
  • La troisième manière de rendre à Dieu ce qui lui est dû sera de « rendre témoignage », de faire de notre vie un témoignage. Rendre témoignage est avant tout savoir dire : « voyez ce que Dieu a fait pour moi ». Ainsi, « rendre à Dieu ce qui est à Dieu », c’est vouloir que chacun de ceux que le Seigneur met sur notre route soit « rendu à Dieu », c’est-à-dire en capacité de reconnaître Dieu comme le Père qui aime son fils.

Rendre grâce ? Rendre service ? Rendre témoignage ? Trois chemins pour obéir au commandement du Christ : « rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu ».

Père Rémy Crochu, curé.

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