Nous sommes invités à méditer, à quelques jours de la Célébration de Noël, le songe de Joseph, rapporté par l’évangéliste Matthieu. « Joseph, dit l’ange, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. C’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. ». L’annonce à Joseph de la naissance de Jésus est-elle une si bonne nouvelle que cela ? En effet, certains se disent qu’en nous envoyant son propre Fils, Dieu viendrait comme « réparer » la Création qu’il aurait ratée. Et il est vrai que, si, aux heures lointaines de la Création, Dieu dit que « cela était bon », y compris de la Création de l’homme, force est de constater que les choses se sont gâtées bien vite… Il n’y a pas de doutes sur la bonté de Dieu ni sur ses intentions. Mais, s’il n’a pas raté sa Création, en revanche on peut dire qu’il a raté sa rencontre avec l’homme, son alliance d’amour avec lui. La réponse négative de l’homme à cette proposition d’Alliance a comme défiguré la Création, défiguré l’homme, qui ne sait plus reconnaître la bonté de Dieu…

L’homme est-il le coupable de cette rupture ? Oui et non. Oui, car il a sa part de responsabilité en cela. C’est sa capacité à consentir au péché, à défigurer sa ressemblance à Dieu. C’est sa capacité de dire non à Dieu. Mais il faut aussi considérer le mystère du Mal, le mystère de Satan, le fameux serpent de la Genèse, qui n’a pas mis en échec la Création, mais qui ne cesse — c’est une évidence — d’abîmer la Création voulue bonne par Dieu.

Un enfant m’a dit, ces derniers jours, qu’il ne croyait pas en Dieu. « Et pourquoi », lui ai-je demandé ? Il m’a répondu : « parce que si Dieu existait, il n’y aurait pas de guerres dans le monde » ! Il ne comprend pas que Dieu ne vienne pas lui-même les arrêter !

Le Mal est un scandale. Un scandale pour Dieu autant que pour nous ! Pour autant, faut-il accuser Dieu alors que nous savons que le mal ne vient pas de lui qui est bon (« le Bon Dieu ») ? Certains pensent que Dieu s’est fait homme en Jésus — c’est le mystère de Noël que nous nous apprêtons à célébrer — pour « réparer » sa Création (je l’ai dit en commençant) abîmée par le Mal et le péché de l’homme. Comme si Dieu s’était contenté de regarder de loin cette Création inachevée (comme le peintre se recule pour regarder sa toile), et faire ici et là quelques retouches…

La vérité est toute autre. En effet, Dieu pensait déjà à Jésus en créant l’homme. Jésus n’est pas venu réparer mais, lui le Créateur, s’est inscrit lui-même dans sa Création, il s’est incarné, il « s’est fait chair », de chair humaine pour achever son œuvre par l’obéissance de son Fils. Jésus achèvera l’œuvre de Création par son Amour absolu, de son premier souffle jusqu’à son dernier ! Ce Souffle qu’il ne cesse de répandre sur nous par sa résurrection.

Nous savons qu’il y a des ratés dans notre vie et dans celle de ce monde, qu’il y a du péché, de la médiocrité. Et cela nous affecte. Mais nous savons qu’en Jésus et par le don de son Esprit de Vie, le Mal n’aura jamais le dernier mot. La guerre, la souffrance, le péché et la mort même : tout cela est vaincu en nous. A condition que nous consentions à laisser entrer en nous la Vie, l’amour, le Souffle de Dieu. Achève en nous ton œuvre de Création, Seigneur ! Ne viens pas seulement nous réparer mais viens « sauver ton peuple de ses péchés ».

Père Rémy CROCHU

HOMILIE-DU-18-12-2022

Père Jean Michel POUPARD

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