Image extraite du missel pour les enfants
« Je ne suis pas ta bonne », rétorque une mère de famille à son enfant qui a tendance à tout laisser trainer et ne rien ranger. Si je vous rapporte ce témoignage familier, c’est en écho avec l’Évangile qui, aujourd’hui, nous invite au service. « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous », dit Jésus. Cela signifie-t-il que la maman doive se contenter d’être « la bonne », le salarié de se faire plumer par l’entreprise qui fait des bénéfices sur son dos, l’infirmière de renoncer à s’insurger contre un surcroit de travail sans gratification ? Bien sûr que non.
Mais la question du service que soulève Jésus est celle de l’attitude profonde qui nous habite dans notre vie de tous les jours. Quel est le sens que je donne aux services que je rends ? On peut être soit un facteur qui se contente de « faire son boulot » ou un facteur porteur de nouvelles, attentif et fraternel. On peut être soit un agent de police qui joue au « flic » ou un vrai gardien de la paix. On peut être soit un voisin qui « ne se mêle pas des affaires des autres » ou un voisin respectueux et prêt à rendre service en cas de besoins.
La manière dont nous sommes serviteurs a tellement d’importance que Jésus aura cette parole pour conclure la parabole du Jugement Dernier : « Tu as été un serviteur bon et fidèle… Entre dans la joie de ton Seigneur » (Mt 25, 23)
L’appel de l’Évangile n’est pas l’appel à consentir à se soumettre. Il s’agit d’un projet beaucoup plus noble : tout faire par amour ! C’est la manière même de Jésus, jusqu’au don de sa vie. Lui, le Christ Serviteur, a témoigné du service en abaissant sa divinité jusque dans son humanité cachée pendant 30 ans. Il s’est fait Serviteur de ses disciples, serviteur quand il s’assoie à la table des grands, quand il se repose au puits de la Samaritaine, quand il visite les malades, les pécheurs, quand il l’adresse à Pilate, le gouverneur romain. Serviteur quand il embrasse la croix sur laquelle s’accomplira le sacrifice ultime… Jésus s’est fait le Serviteur par amour, et juste par amour…
Lorsque les apôtres Jacques et Jean s’approchent de lui aujourd’hui, Jésus a cette question qui peut nous paraître anodine : « que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Mais il s’agit de la question qui devrait habiter chacune de nos pensées, chacun de nos actes : Qu’est-ce que les autres voudraient que je fasse pour eux ? Non pas pour satisfaire les caprices de chacun, mais en voulant leur bien. « Tu ne ranges pas tes affaires : mais ne vois-tu pas que c’est une simple question de charité familiale et d’hygiène personnelle ? » « Tu me paies avec un salaire de misère alors que tu t’enrichis sans rien faire : mais ne vois-tu pas que cette richesse mal acquise ne te rendra pas plus heureux que moi ? ». « Tu m’imposes de travailler sans répit, mais ne vois-tu pas que la santé des malades dont j’ai la charge en dépend ? » Tout est une question d’amour. Pas le faux amour de celui qui impose sa loi, sa manière de voir, son pouvoir, et pour qui la question centrale est : « à quoi tu (me) sers ? ». Le véritable amour est de qui se fait serviteur et donne en se donnant. Dis-moi comment tu sers tes frères, je te dirai qui tu es.
Père Rémy CROCHU