(photo “La Bible de l’enfant”)

Quel est donc ce ciel où Jésus a été emporté et dont le livre des actes des apôtres nous parlait, il y a quelques instants ? « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » affirmaient deux hommes vêtus de blanc, soudainement apparus. « Jésus qui a été enlevé du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » Cette double mention du Ciel suffirait à aiguillonner notre curiosité, mais l’Évangile de Saint Marc, rapportant sa propre version de l’Ascension du Christ, termine par ces mots : « Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu ».

Sans chercher à faire le tour de la question, je suggère quelques réflexions autour de ce « ciel » dont nous évoquons par deux fois, dans la grande prière du Seigneur : « Notre Père, qui es aux cieux… Que ton Nom soit sanctifié (…) sur la terre comme au Ciel ». « Le ciel », « les cieux »… De quoi s’agit-il ?

Dans le Nouveau Testament, il est beaucoup question du Ciel. Surtout si on le voit comme un synonyme du « paradis » ou du « Royaume (céleste) » où les âmes se retrouvent après la mort. Mais ce Ciel n’est pas seulement une destination ultime, après la mort. Dans la Bible, le Ciel est en quelque sorte tout ce qui n’est pas « la terre » ! La terre, s’étend du sol sur lequel nous marchons au ciel visible des étoiles. Mais le « Ciel » dont nous parle l’Ascension, c’est ce qui échappe à ce que l’œil de l’homme peut voir et son intelligence comprendre.

Or, ce que nous constatons avec la montée de Jésus au Ciel et son installation « à la droite de Dieu », c’est qu’ils se sont ouverts. Il n’y a plus la terre d’un côté et le Ciel de l’autre. La frontière entre les deux est poreuse. Et Saint Marc de le dire d’une manière touchante : « Le Seigneur travaillait avec les apôtres et confirmait leur Parole par des miracles. » Pas un Dieu qui a pris sa retraite et s’est absenté ; mais un Dieu qui continue d’être présent, même si c’est désormais d’une autre manière.

Pour autant, beaucoup de gens pensent que du Ciel (ou des Cieux, comme vous voudrez) on ne peut pas dire grand-chose. C’est une erreur. Sans prétendre à être exhaustif, on peut dire qu’on en sait beaucoup grâce aux Écritures et surtout grâce au Christ lui-même. J’en rappelle les caractéristiques principales :

  1. Que Dieu habite au Ciel, et les anges avec lui qui le servent.
  2. Qu’il est destiné également à tous les hommes.
  3. Qu’il est un lieu où tous vont et viennent librement, comme des citoyens d’une même ville et non comme des gens de passage.
  4. Que le Christ y est revenu parcequ’il en était parti pour prendre la condition humaine.
  5. Qu’il est éternel, par opposition à ce monde de la terre où tout vieillit et tout passe.
  6. Qu’il est déjà présent sur la terre dans le cœur de ceux qui aiment et se laissent aimer.
  7. Qu’on y mange et qu’on y boit, sans pour autant ressentir la faim, la soif.
  8. Qu’on y chante avec toute la Création renouvelée et qu’on y éprouve une joie infinie.
  9. Qu’on y vit, non pas sous la forme d’un fantôme, mais comme une personne avec un corps semblable à celui de Jésus ressuscité apparaissant aux disciples.
  10. Que Dieu nous y a préparé une place accordée à nos actes de bonté accomplis en son Nom.
  11. Qu’on y vit définitivement libérés de nos peurs et lavés de nos péchés, et donc resplendissants de la lumière de Dieu.
  12. Qu’on n’y fait plus de travaux qui usent et fatiguent, mais qu’on s’y repose joyeusement.
  13. Qu’on y retrouvera ceux qui nous ont précédés, spécialement ceux que nous avons connus et aimés comme des frères, ainsi que les saints et les saintes, depuis l’origine de l’humanité.
  14. Qu’il subsistera à ce monde qui passe.
  15. Qu’il n’est pas de trésor plus précieux que lui, qui surpasse toutes les richesses de la terre.

Celui qui, en m’écoutant, se dit que j’ai la tête dans les nuages et pas beaucoup les pieds sur terre, s’interroge lui-même. Ne travaille-t-il pas en pensant aux vacances qu’il va pouvoir s’offrir pour que ça lui donne du cœur à l’ouvrage ? Et alors, le chrétien qui travaille dans ce monde n’aurait pas lui-aussi le droit de penser joyeusement à ce qui l’attend dans les Cieux pour relancer sa marche ?

Que la Reine du Ciel intercède auprès de Dieu pour qu’à notre tour, au terme de notre séjour sur la terre, après avoir goûté aux joies apéritives que le Seigneur nous aura offertes, nous soyons rendus dignes du bonheur éternel dans le Ciel. Amen.

Père Rémy CROCHU, curé

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