Permaculture spirituelle

C’est la mode ! Celle des jardins plus respectueux des écosystèmes naturels, de la biodiversité, de la santé des sols, de la faune ou de la flore, aussi bien que des personnes. La « permaculture » voudrait encourager une activité humaine en harmonie avec la nature, l’une se mettant en quelque sorte au service de l’autre, et réciproquement, dans le souci de tous et des générations à venir.

Je transpose. La paroisse, constituée de ses membres dans la diversité que nous connaissons, n’est pas non plus une communauté hors-sol. Elle doit apprendre donc à composer avec elle, à puiser dans ce « sol » là les ressources dont elle a besoin.

On m’a parlé d’un monastère du sud de la France qui avait depuis des années lancé la production d’une tisane fameuse à base d’une plante que cultivaient les sœurs. Un beau jour, patatras ! Les champs ont végété jusqu’à ne plus rien produire du tout ! Les sœurs ont fait venir un ingénieur qui a fini par conclure : « le sol de vos terres est mort » ! Les sœurs avaient omis d’enrichir les sols qui s’étaient peu à peu épuisés…

Idem en paroisse ? Pendant des années ont s’est dit chrétiens parce qu’on allait à la messe, qu’on demandait des sacrements, faisait des pèlerinages ou participait à des cérémonies de première communion. Bref, on faisait « ce qu’il faut » ! Et puis, on s’est mis à douter : nos églises se vident (sauf aux sépultures), nos enfants suivent d’autres voies, les vocations diminuent… Et voilà le Covid qui n’arrange rien ! On s’interroge alors : Comment sortir de là ? Quelles solutions trouver ? Faudra-t-il se contenter de regarder nos paroisses agoniser ?

Je propose une thérapie de « permaculture spirituelle » en quatre traitements pour mieux prendre en considération tout ce qui pourrait enrichir le sol malade de nos paroisses :

La biodiversité. On ne gagne rien à ne vivre en monoculture qu’avec des gens qui nous ressemblent. Au contraire, c’est par l’autre différent que nous nous enrichissons personnellement et que nous enrichissons le monde.

La durabilité. On ne sert bien le présent qu’en pensant à l’avenir. Quelle place donnons-nous aux jeunes ? Comment se sentent-ils « chez eux » dans cette communauté ? Ma joie du moment : une petite équipe de grands-jeunes se constitue pour apporter son soutien ordinaire à la préparation et l’animation de nos liturgies.

L’autonomie. Une paroisse n’est plus une paroisse si elle perd la capacité à offrir à tous ce dont ils ont besoin pour devenir des disciples-missionnaires. Certes, on peut être tentés d’aller voir chez le voisin si l’herbe est plus verte. La solution est palliative mais elle n’est pas « durable ». OK : tu attends que la paroisse te nourrisse ; mais toi, comment nourris-tu la paroisse, que lui-donnes-tu en échange ?

La résilience. Nous devons croire en cette capacité de nos paroisses, dans l’Esprit-Saint, à affronter les changements voire les tempêtes, et les traverser. Mais gardons-nous de penser qu’un autre le fera : l’évêque, le curé ou Sainte Rita ! L’un des lieux particulièrement adaptés à affronter les changements ? Nos petites « Équipes Fraternelles de Foi » où quelques personnes acceptent de vivre des 5 essentiels : l’amour fraternel, la prière, l’écoute de la Parole, le service et l’esprit missionnaire. Qu’attendons-nous pour les démarrer (ou redémarrer) : le monde d’avant ? Ce monde ne reviendra pas : il est mort !

Père Rémy CROCHU, curé

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