Bêtes et bestiaux de la crèche
Bénissez le Seigneur !
Alors que dans notre chère France, la crèche est parfois remise en cause dans certains lieux, ou encore malgré le constat d’une érosion de cette belle tradition dans les maisons et les familles, revisitons les bienfaits et le (bon) sens de la crèche, des santons y compris bêtes et bestiaux de l’étable !
Nous avons la chance de vivre à la campagne. Les bruits, l’odeur et l’ambiance d’une étable sont pour moi des souvenirs de jeunesse, tout un univers ! St-François d’Assise en fit en son temps un espace propice à une véritable catéchèse au moyen-âge, un enseignement à partir des cinq sens humains pour toucher profondément notre sensibilité spirituelle. Peut-être aurons-nous la joie une prochaine année d’accueillir une « crèche grandeur nature » dans notre paroisse. Je lance l’idée ! La nature touche nos sens et porte vers les réalités « surnaturelles », on parle spirituellement de « la nature et la grâce ». Les enfants ne s’y trompent pas ! Certains n’hésitent pas à ajouter une girafe ou autre crocodile (confidence de deux petits la semaine dernière).
Les animaux de la crèche ne sont pas là uniquement pour le décor ou la fantaisie du curé qui a l’art de la mise en scène. Ils représentent la Création dans son ensemble. Et l’étoile, le cosmos. En créant les animaux, Dieu vit que cela était bon (Genèse) : tout ce qu’Il a créé est bon. Ainsi, toute créature nous parle de notre Créateur. Créés dociles et pacifiques par Dieu, les animaux ont été victimes du désordre introduit dans le monde par le péché de l’homme. Aussi le tigre est-il devenu féroce et l’âne rétif. Depuis, la création tout entière, asservie au péché, attend le Sauveur. Ici, nous retrouvons quelques accents du mouvement de notre attente et de la célébration du Mystère de Noël. Jésus l’Emmanuel, l’Agneau de Dieu vient restaurer et sauver la Création défigurée (notre monde, notre société, toutes les époques, le temps et l’espace …).
C’est vrai, l’évangile ne mentionne ni l’âne, ni le bœuf, ni les moutons. Dans nos représentations et nos crèches, ils sont pourtant là aux premières loges. Derrière la mangeoire et l’Enfant Jésus, il y a l’âne. Il a eu probablement l’honneur de transporter la Vierge Marie et sa précieuse charge de Nazareth à Bethléem. Par ailleurs, on peut voir dans cet animal, le serviteur et l’annonce déjà de sa passion, nous en reparlerons avec les enfants et les familles le dimanche des Rameaux le 29 mars à Marsac-sur-Don ! On dit souvent que l’âne est bête. A la crèche, l’âne nous interpelle gentiment, vous les petits et les grands chez les Hommes, mettez vous votre intelligence au service du bien, de la justice et de la vérité ? Mettez-vous vos talents au service du Sauveur dans votre paroisse ? Votre commune, votre village ? Et puis à ses côtés, on trouve le bœuf, tient-il le rôle de chauffage central près du nouveau né ? Le bœuf viendrait-il réchauffer certaines de nos églises paroissiales trop fraîches et humides ? Dieu dans sa sainte providence, ne néglige aucun détail. Le bœuf nous interroge, lui aussi : savez-vous porter un peu de chaleur autour de vous ? Réchauffer d’un sourire, d’un regard, d’une parole ceux qui grelottent ? Souffler l’espérance sur ceux qui sont transis par la tristesse ou le désespoir en ce début de l’hiver. C’est un appel constant comme avec les bénévoles du Secours Catholique, ou le témoignage de deux jeunes volontaires à la veillée des jeunes le 20 décembre à Nozay. Enfin, on trouve quelques brebis égaillées autour de la crèche. Gardons-nous bien de snober les moutons ! La brebis, c’est nous, sommes-nous cette brebis sage couchée devant la crèche au pied du Sauveur, ou celle qui broute sans regarder Jésus ? Dans notre réflexion autour de la mission cette année (lecture de la lettre pastorale de notre évêque, la perspective de la préparation du festival de la joie-Melleray 2015), sommes-nous la brebis rebelle, ou aventurière derrière la crèche, ou enfin celle près du Bon Pasteur, la brebis audacieuse qui aime son Seigneur, son Eglise, ses nouveaux chemins. Chers paroissiens, « venez, accourons ! » à la crèche, bénissons le Seigneur, et bon Noël !
Père Pierre-Yves