Tout passe…

Nos paroisses auront connu le passage à Dieu de deux prêtres en l’espace d’à peine un mois. Le père Eugène Tardivel (87 ans) fin janvier, et le père Albert Plumejeau (89 ans) le 23 février. Le père Eugène nous est sans doute moins connu, bien qu’originaire de Marsac où il a encore aujourd’hui une partie de sa famille. Il a cependant exercé l’essentiel de son ministère dans le Nord du département et notamment sur Moisdon et La Chapelle Glain. Il s’était retiré, il y a 5 ans, sur la maison de retraite de Guénené-Penfao. Nos paroisses auront mieux connu le père Albert qui a exercé son ministère pendant 30 ans sur Marsac-sur-Don (et 1 an sur Pierric). D’abord comme curé puis comme coopérateur et auxiliaire. Ses soucis de santé (on se souviendra de sa jambe amputée et de sa canne) n’entameront pas son élan missionnaire et son attention aux personnes, notamment les plus fragiles. Il avait dû se résoudre à rejoindre en 2017 la maison du bon pasteur.

Nous le savons : les prêtres passent et les paroisses demeurent. Bien entendu, chaque prêtre y laisse le souvenir de sa personnalité propre et de son zèle apostolique. Mais, il passe et ne fait que passer. Souvent, des chrétiens nous interrogent sur ce point : quelle est le sens des mandats, de leur durée ? Le sens profond est à chercher dans l’évangile et dans le Christ lui-même qui passe « de village en village » et ne se fixe jamais longtemps quelque part.

Je voudrais faire remarquer cependant ici que cette caractéristique est commune à tous les chrétiens. D’abord parce que les circonstances (familiales, professionnelles, etc.) nous poussent à bouger. Mais aussi parce qu’il n’est pas bon, même si nous restons en un lieu, de durer dans une mission, un service. Pourquoi ? Parce que nous changeons et que la mission change elle aussi. Je dis souvent que j’ai dû « changer de métier » à bien des reprises, selon les lieux, les circonstances, les collaborations. Ceci est vrai ou devrait l’être pour tous. C’est une question de santé spirituelle qui nous fait prendre conscience que personne n’est indispensable et que le premier missionnaire, c’est le Christ qui agit par son Esprit Saint, aujourd’hui comme hier et demain comme aujourd’hui.

Nous passons. Et ce n’est pas un constat amer. C’est une réalité spirituelle profonde qui fait que chaque passage de relai est une expérience « pascale » de mort pour une résurrection. Les changements sont certes un dépouillement parfois éprouvant, mais aussi une grâce pour vivre « autre chose et nous préparer dès maintenant au grand passage. Comme celui que viennent de vivre nos deux frères prêtres.

Nous passons. Et cela vaut aussi pour nos paroisses qui, si elles demeurent encore, ont connu et connaîtront encore des mutations structurelles profondes. Non seulement du fait de la diminution du nombre de prêtres mais aussi et surtout parce que les temps changent, le monde change et nous change. Si nous nous contentons de regarder avec nostalgie les « temps anciens », nous voyons avec regret ce qui disparait. Mais, si nous regardons nos communautés à la lumière de Pâques, nous voyons avec émerveillement le Christ toujours à l’œuvre qui veille sur nous, nous nourrit et continue de nous envoyer.

Joyeuse montée vers Pâques à tous !

Père Rémy CROCHU, curé.

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