Délivre-nous du Mal !
On ne devrait jamais parler du Démon. Il ne mérite pas cet égard. Mais, au moment où commence le temps du Carême et où nous sommes invités à regarder vers la victoire du Ressuscité sur la mort et le péché, il me semble opportun de rappeler que la mission première du Christ est de « détruire l’œuvre du Diable » (Cf. 1 Jean 3, 8).
J’y ai mis une majuscule. Pourquoi ? Le Mal est l’un des noms de celui qu’on appelle aussi Démon, chef des Démons, Diable ou Lucifer. Mais de qui parle-on vraiment ? Le Catéchisme de l’Église Catholique parle du « choix libre d’un ange, d’abord créé bon par Dieu, mais qui a choisi de se rendre mauvais. Un ange qui a radicalement et irrévocablement “refusé” Dieu et son Règne. Nous trouvons un reflet de cette rébellion dans les paroles (du serpent) : ” Vous deviendrez comme Dieu “ (Gn 3, 5). » Le choix de Satan est un choix irrévocable, qui ne peut donc pas être pardonné.
Par ailleurs, en tant que créature, le Démon n’a pas un pouvoir infini et son action sur l’homme reste limitée. L’homme peut être tenté par le démon et même parfois se laisser séduire par lui. Cela n’en fait pas pour autant une créature maligne. Un enfant m’a dit, ces jours-ci : « Je suis mauvais ». Non et non ! Personne ne peut se dire radicalement mauvais ! Et quand nous disons « délivre-nous du Mal » (notez la majuscule !), nous ne pouvons pas comprendre : « délivre-nous de ceux qui font le mal ». Jamais aucun homme ne pourra être appelé « le Mal par excellence ». Ceci pour ceux qui « voient le mal partout » ! Cependant, le Mal inspire les hommes et il brise en eux leur beauté originelle : leur unité avec Dieu, leur unité intérieure (corps, âme et esprit), leur unité sexuée (Homme/Femme), leur unité avec la création. Le mot « Diable » signifie littéralement « diviseur ».
Le temps du Carême est alors un temps privilégié pour demander au Christ de continuer de restaurer en nous et autour de nous cette beauté première, celle de notre baptême, que le péché est venu salir. Non, le Diable n’est pas partout. La Bonne Nouvelle, c’est que le Christ est partout ! Et, « là où le péché abonde, la grâce surabonde »…
Père Rémy CROCHU