Répondre à l’appel
Nos paroisses, aujourd’hui comme hier, sont faites de ceux qui la composent. Cela peut sembler une évidence, mais la vie paroissiale est nourrie par ceux qui s’y donnent d’une façon ou d’une autre et par ceux qui continuent de lui demander des services : prière, sacrements, catéchèse ou simplement écoute. Et celui qui nourrit les uns comme les autres, c’est le Christ. Il continue de se donner : aux premiers pour féconder leurs efforts, et aux seconds pour les aider à grandir dans la foi et devenir à leur tour des membres actifs de l’Église missionnaire.
Ça, c’est la théorie. Mais, nous savons tous que la réalité n’est pas si simple. Chacun de nous est unique, avec ses qualités et ses défauts, et nous devons apprendre à composer avec les caprices de l’un, les fantaisies d’un second, la générosité d’un troisième, et ainsi de suite. Nous sommes ainsi très complémentaires et, dans une certaine mesure, indispensables les uns aux autres. Je le crois sincèrement.
Aussi devrions-nous tous souffrir si l’un ou l’autre venait à manquer à l’appel. Pour ma part, c’est l’une de mes plus grandes peines. Les causes de ces défections peuvent être multiples. Elles peuvent être le fait de malentendus ou de désaccords profonds. Plus généralement, elles sont l’expression d’un manque d’attention les uns aux autres, d’un manque d’attention aux véritables attentes de chacun : ses dons, ses envies, ses charismes.
Quelqu’un m’a exprimé ces derniers temps son sentiment que certaines de ces ressources n’étaient pas utilisées et que des membres de la communauté manquaient à l’appel. C’est probable.
La question est de savoir qui appelle et qui discerne les appels, dans une paroisse. Le premier protagoniste des appels, c’est l’Esprit-Saint. C’est lui qui sait ce qui est bon dans le cœur des hommes et ce qui est bon pour la communauté. Mais, pour accomplir sa tâche, il a besoin de nous. Certains ont cette responsabilité plus que d’autres : c’est le cas en particulier des prêtres et plus largement de l’équipe d’animation paroissiale qui discerne les besoins, met en route, organise la mission et soutient les personnes qui la vivent. Mais doit-on attendre cela d’elle seulement ? Et du reste peut-elle à elle seule prétendre connaître tout le monde pour répondre à leurs attentes ?
Non. Et c’est bien ainsi. Je pense en effet que nous sommes tous responsables, chacun à sa manière, des appels à lancer ou à suggérer. Et ce n’est pas non plus pécher par manque d’humilité que de se proposer personnellement : « j’aimerais bien faire ceci ou encore faire cela ». A condition bien entendu que ce soit non pour se donner une occupation mais pour apporter sa pierre à la mission paroissiale.
« Dieu a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie. Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps pour que se construise le corps du Christ (1Co 12, 25-27). »
Père Rémy CROCHU