Restauration de la Cathédrale de Nantes
Il y a un an et demi, la cathédrale de Nantes était à nouveau blessée dans sa chair par un incendie criminel qui devait ravager sa façade encore neuve et détruire notamment ses deux orgues. Où en est-on aujourd’hui des travaux ? On peut se référer à la revue diocésaine « Église en Loire Atlantique » qui consacre tout un dossier à ce sujet dans son dernier numéro.
Nos cathédrales de France sont la propriété de l’État. Aussi, le diocèse et la DRAC (la direction régionale des affaires culturelles) s’accordent pour une réouverture la plus rapide possible, au moins partielle, dont la date n’est cependant pas encore communiquée. Il était nécessaire, bien avant une reprise de l’activité cultuelle et même d’autres travaux de structure, qu’une mise en sécurité des objets précieux puis une expertise complète soient faites, avant qu’une première phase de décontamination des résidus de plomb (incendie de la grande verrière et du grand orgue) soit entreprise, et qui devrait s’achever en juillet prochain. Certains travaux ont cependant commencé puisque l’orgue de chœur, partiellement touché, a notamment été entièrement démonté en vue de sa restauration.
Une cathédrale n’est pas une église comme une autre. C’est un espace symbolique pour l’ensemble d’un diocèse, un lieu chargé d’histoire et particulièrement de celle des chrétiens qui ont marqué son passé : Saint-Pierre et Saint-Paul dont l’édifice porte le nom, mais aussi Saint Yves, les Saints Donatien et Rogatien, Saint Gohard, Saint Clair…
Une cathédrale est le symbole par excellence de l’Église en un lieu (le Diocèse) et que préside (c’est le sens du mot grec Cathédra) au nom du Christ l’évêque. La reconstruire ou la restaurer n’est donc pas un enjeu seulement technique mais bien spirituel, pour les chrétiens du diocèse. Nous ressentons douloureusement le fait que des grands événements comme une ordination, une messe chrismale ou (rappelons-nous) l’accueil même d’un nouvel évêque, soient vécus dans d’autres lieux dont la fonction pratique est indéniable mais dont la charge symbolique est incomparable : la chapelle de l’Immaculée, la basilique saint Donatien ou l’église Sainte Thérèse.
Notre évêque et son conseil, avec le père Michel Leroy récemment nommé chargé de mission pour le suivi des travaux, ont à cœur de mener une réflexion impliquant différents groupes de travail pour que les choix soient faits dans le souci non seulement du passé mais aussi de l’avenir. « Qu’est-ce qui est important pour les orgues, par-delà l’esthétique ? Quel sens, quel intérêt pour quelle vie de la cathédrale ? Quel itinéraire proposer dans la cathédrale pour les personnes qui y viennent ? En quoi est-elle “cathédrale” ? ». Et l’on sait que ce lieu n’est pas seulement destiné au culte et à la prière, mais qu’il a une forte valeur patrimoniale et touristique dont on peut comprendre l’enjeu culturel mais aussi missionnaire.
La réflexion n’en est qu’aux premiers balbutiements. N’est-ce pas ce que sont néanmoins nos paroisses qui, devant faire face sans cesse à des épreuves ou des défis nouveaux, cherchent, dans la fidélité à leur histoire, à emprunter des chemins nouveaux, à établir des projets pastoraux, à définir des priorités, à ouvrir de nouveaux chantiers ? Mais le cap demeure le même : rassembler une communauté vivante et contagieuse de sa foi dans le Christ Ressuscité, Pasteur de son troupeau. Relevons ensemble ce défi. Avec la grâce de Dieu.
Père Rémy CROCHU