Le Seigneur vient

Il est venu, il ne cesse de venir, il viendra de nouveau. Le temps de l’Avent n’est pas seulement la mémoire d’un évènement du passé. Il se conjugue au présent et nous projette dans l’à-venir. Saint Bernard l’explique ainsi : « Il y a une triple venue du Seigneur. Dans sa première venue, il a paru sur la terre et il a vécu avec les hommes. Ils l’ont vu et l’ont pris en haine. Lors de sa dernière venue, toute chair verra le salut de notre Dieu et ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. La venue intermédiaire, elle, est cachée : les élus seuls la voient au fond d’eux-mêmes et ils sont sauvés. »

C’est comme lorsqu’on regarde un arbre. On peut simplement le regarder pousser et s’émerveiller devant ses racines, ses branches, ses feuilles et ses fruits. C’est une bonne chose ; c’est beau. Mais le regard qui embrassera pleinement la merveille qu’est cet arbre, c’est celui qui consiste à songer, avec le même émerveillement, à la fois à la graine dont il est issu et qui le contenait déjà, et en même temps à ce qu’il est appelé à devenir, comme par exemple une table, une chaise, voire un élément de la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris !

Le temps de l’Avent est un temps pour changer de point de vue. Alors que nombre de nos contemporains vivent sans autre perspective que le foie gras et autres achats de noël (le budget moyen par habitant pour les dépenses de noël a été évalué à 549€, cette année !), notre mission est de nous interroger sur le sens profond de l’existence sous toutes ses dimensions : passée, présente et à venir. En parodiant une réflexion du footballeur Louis Fernandez, on pourrait dire que « (le Chrétien) tire les leçons du passé, concrétise le présent et pense le futur. »

Saint Bernard dit encore : « Cette venue intermédiaire (Entendons : dans notre cœur) est vraiment comme la voie par laquelle on passe de la première à la dernière. »

On voit bien que Jésus, dans l’évangile, est essentiellement un homme du présent : il vit indissociablement et dans la présence à Dieu, son Père et dans la présence à chaque personne rencontrée. Il est intensément présent. Jusqu’au dernier instant. Pourtant, Jésus n’a pas fait table rase du passé ni ignoré l’avenir. Il regarde le passé comme une prophétie qui prépare ce qui vient et il annonce un futur transfigurant le présent de tout homme.

Noël, c’est aujourd’hui ! Noël commence à chaque fois que tu fais venir le Christ au monde, à chaque fois que tu fais naître le Christ dans le cœur des petits et des égarés de la terre. En parodiant à nouveau, mais cette fois l’Évangile, on pourrait dire : « chaque fois que vous avez donné à manger à celui qui a faim, à boire à qui avait soif, accueilli un étranger, habillé qui était nu, visité qui était en prison, c’est moi que vous avez fait naître à la crèche du monde ». Bonne montée vers Noël à tous et que vienne Jésus dans le cœur de tous les hommes !

Père Rémy

Les commentaires sont fermés.