La joie de l’Espérance

L’Espérance est le maître mot de la période liturgique dans laquelle nous entrons. Elle est aussi la vertu la plus mise à mal dans les temps que nous traversons, quand on considère le climat de morosité qui traverse le monde occidental dans lequel nous vivons.

Pour nous, chrétiens, l’Espérance est l’une des trois grandes vertus dites « théologales » (avec la foi et la charité). Saint Paul invite les chrétiens à être « joyeux dans l’espérance » (Rm 12, 12). De son côté, le Catéchisme de l’Église Catholique la définit comme « la vertu par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint Esprit. » (CEC n° 1817).

Au moment où nous apprenons sa nomination en qualité d’archevêque de Bordeaux, il m’est agréable de citer un commentaire de Monseigneur Jean-Paul James, datant de l’époque où il était encore évêque de Beauvais (en 2006) qui commentait ainsi cette vertu :

« L’espérance n’est pas un vague espoir humain. Elle va plus loin que tous les espoirs parce qu’elle est espérance de résurrection, de re-création. Et à cause de cela, elle peut demeurer même quand les épreuves s’accumulent, et quand les lendemains envisagés ne sont guère réjouissants… C’est cette espérance-là qui nous habite, espérance dans le Royaume de Dieu et la vie éternelle. Et cette Espérance a un nom, un visage : c’est le Christ Jésus. ».

Et il continue en relisant l’expérience des pèlerins d’Emmaüs (Luc 24) : « Rejoints dans leur désespoir par le “Divin Voyageur”, ils l’entendent leur expliquer les Écritures. Conduits à l’auberge, ils le reconnaissent à la fraction du pain. Expérience du Christ ressuscité, expérience fugace mais bien réelle. Rencontre humble et transformante. La rencontre eucharistique nourrit notre espérance. »

Puis, il rapporte le témoignage de Geneviève de Gaulle, ancienne déportée au camp de Ravensbruck où elle connaît le sommet de son désespoir lors de la veillée de Noël 44 quand elle crie à Dieu sa détresse qui reste sans réponse. « Arrive le matin du 25, jour de Noël, rapporte le père James. Comme chaque jour, une des déportées lui apporte à manger. Mais, en plus, elle dépose sur la paillasse un petit paquet : dans le paquet, une petite branche de sapin, une feuille sur laquelle est écrit un chant français de Noël, et une sorte d’étole beige en laine. “Je la prends et entoure mes épaules de la tendresse de mes sœurs de captivité. Merveille, elles ont réalisé ce prodige de m’atteindre dans ma solitude et mon désespoir. Il est venu parmi nous.” La communion fraternelle vécue permet de faire l’expérience de la fraternité que nous espérons pour l’humanité toute entière. »

Ce sont les frères en Christ qui souvent nous redonnent espérance en nous aidant à croire avec eux que « la mort n’aura pas le dernier mot » et que le Christ a vaincu la mort. Et c’est cela, faire l’expérience de « la joie de l’espérance » dont parle Saint Paul.

Père Rémy CROCHU

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