« Avance au large »

J’ai eu la joie de participer, au sein de la délégation nantaise, au rassemblement national Kérygma qui se déroulait fin octobre à Lourdes, à l’initiative du Service National de Catéchèse et des évêques de France.  3 jours studieux, alternant conférences, ateliers, témoignages, expositions, temps de prière.

Je choisis de citer la conférence du tout nouveau cardinal François Bustillo, Franciscain Conventuel et évêque d’Ajaccio. Sous le titre « Vivre en disciples missionnaires », elle commençait par une peinture très imagée de l’Église, s’inspirant du récit évangélique de la tempête sur le lac de Tibériade pour nous parler de la « barque Église ».

« Qu’entendons-nous sur la vie de l’Église en France aujourd’hui ? Je vous propose quelques visions :

La vision catastrophe. L’Église, c’est le Titanic, le paquebot coule et nous avec. Dans l’Église, il y a un manque de vocations évident, l’âge moyen des catholiques est élevé, les assemblées sont maigres et il existe une réelle désaffection des familles, la société n’est plus chrétienne.

La vision messianiste. La situation est tragique mais nous avons une solution : construisons l’arche comme Noé. Face aux dangers du monde immoral et hostile, un groupe d’élus, les fidèles, par un style de vie et par un système de pensée pur et parfait, se protégeront des flots en furie. Un messianisme guidé par une vision un peu cathare où il y a les élus et les perdus.

La vision pessimiste. Nous naviguons dans un bateau fantôme, nous connaissons le port du départ mais ne savons pas où nous allons, nous avançons dans le brouillard. L’avenir n’est pas clair parce que le monde est un festival d’incertitudes.

– La vision naïve. Nous sommes dans un navire de croisière, à bord il n’y a pas de souci, les problèmes sont restés sur le continent. Notre petit monde est confortable. Certes il y a des difficultés mais il ne faut pas s’agiter, restons optimistes.

La vision combative, voire paranoïaque. Les politiques sont contre nous, les évêques sont mous, les journalistes se moquent de nous, la société nous méprise… alors faut-il tout supporter ? Nous sommes dans une frégate, nous devons protéger l’Église des menaces extérieures et des ennemis en les attaquant et en nous défendant. C’est le temps de la force. Il faut agir fermement, autrement nous disparaîtrons. Dans cette vision, le risque est que le salut vienne de notre volonté et de notre force.

La vision disciplinée. Nous sommes un navire-cargo, nous transportons un énorme patrimoine ecclésial d’un lieu à un autre, d’un port à un autre. C’est ce qu’on a toujours fait. On le fait sans passion, on gère.

La vision de connexion. Nous sommes dans des ferrys pour transporter les personnes d’un point à un autre, d’une rive à une autre, d’une situation à une autre. L’action n’est pas spectaculaire mais elle est efficace. De cette manière on facilite la communication et les contacts. Jésus avait dit à ses disciples : passons sur l’autre rive (Mc 4,35).

Certes, ces images sont un peu caricaturales, mais elles montrent des aspects réels de la vie ecclésiale. Elles reflètent des situations et des inquiétudes entendues autour de nous, de formes et de styles différents. Un bateau dans un port est protégé de la furie de la mer. Mais un bateau n’est pas conçu pour rester dans un port, sa vocation est de traverser les océans en admirant les merveilles, en évaluant les risques et en évitant les dangers. »

Et vous : dans quelle « vision » de l’Église vous reconnaissez-vous ?

                                                                  Père Rémy 

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