Au-delà des apparences
Après la communication des chiffres de la comptabilité de 2020, dans le dernier bulletin, me vient l’envie de vous partager mes réflexions autour d’autres chiffres : ceux des événements liturgiques de la paroisse.
Pour interpréter ce graphique, il faut garder à l’esprit la période du Covid Ainsi, les baptêmes non célébrés en 2020 se sont reportés sur 2021 ; les mariages de 2020 sur… 2022 (30) ! Comment ne pas se réjouir qu’il y ait toujours tant de personnes qui fassent confiance à l’Église pour continuer de la solliciter. Néanmoins, la tendance générale (sur les 7 dernières années) est à l’érosion, surtout si on les rapproche d’une population continuellement en croissance. Du reste, il n’échappe à personne que nos communautés dominicales vieillissent et diminuent, et là, il n’est pas besoin de chiffres pour le constater…
Mais les chiffres ne disent pas tout. Mieux ! Disent-ils vraiment l’essentiel ? Derrière chaque événement que comptabilise ce tableau, il y a des familles et des personnes, et chacune d’elles a son histoire et son chemin de foi. Une foule de gens qu’on ne peut réduire à des chiffres. Autant de vies sur lesquelles se penche le Christ, pas moins aujourd’hui qu’hier. Au moment où j’écris, je reçois la confidence d’une jeune adulte qui me confie que, souvent déprimée par la tristesse de nos messes, les mots d’un de nos prêtres (l’un de nos anciens) avaient « remis sa vie en question ». Ce qui nous manque le plus, c’est un regard de foi !
Quand je célèbre un baptême ou un mariage, je constate la plupart du temps que l’assemblée n’est pas familière de nos liturgies, ne sait pas répondre aux prières ou simplement réciter le Notre-Père. Mais, quand ils expriment les raisons de leur demande, on est parfois bouleversé par leurs élans de foi, même si celle-ci est balbutiante. Une enfant dont les parents se séparent demandait ces derniers jours à sa tante qu’elle sait chrétienne : « Tu pourrais demander à la Dame (la Vierge Marie) de faire quelque chose pour ma famille ? » N’est-ce pas un acte de foi, cela ? Et pourtant, cette enfant n’entrera sans doute jamais dans nos statistiques. Faut-il s’en plaindre ? Le Christ nous demande d’être « le levain dans la pâte » et pas de regarder la pâte de loin en nous désolant de ne pas la voir lever toute seule ! Nous sommes peu nombreux pour cela ? Et alors ! La réussite de la primitive Église n’a-t-elle pas commencé avec seulement 12 apôtres et une poignée de disciples ? Et encore, pas les plus diplômés ! La réussite de nos paroisses n’est pas (et n’a jamais été !) dans les chiffres : elle se cache dans le secret de cœurs qui s’ouvrent à la grâce qui passe ! Il y a des cœurs qui attendent de rencontrer le tien !… Et pas d’abord de venir gonfler des statistiques.
Père Rémy CROCHU