UNE CARTE POSTALE DE VACANCES
Je vous adresse cette carte au retour de 4 semaines dans l’Océan Indien. Bien des motifs me faisaient désirer ce voyage : l’attrait touristique tant vanté de La Réunion et de l’Île Maurice ainsi que le désir d’y retrouver ma famille et des amis, installés là-bas. Un autre motif encore, plus pastoral : rencontrer les prêtres de ces deux diocèses formés au séminaire St Jean de Nantes. Je me limite ici à quelques flashes. Il y aurait tant à dire !…
* des paysages fabuleux
La Réunion, « l’île intense », a tenu ses promesses : des reliefs montagneux très accidentés, le manteau vert des forêts sur les pentes, l’océan, des cascades partout, des sites grandioses tels les cirques que j’ai pu survoler grâce au cadeau généreux qu’on m’a fait ! Le volcan de la Fournaise avait cessé ses éruptions, mais j’ai pu voir quelques pustules incandescentes ! Spectacle grandiose, inoubliable !
L’Île Maurice s’est révélée assez différente, avec ses plages et ses cocotiers de rêve, mais aussi ses pics volcaniques très élégants.
J’ai sillonné les routes de ces deux îles en voiture. J’ai fait de jolies randonnées, parfois rudes aux jambes d’un septuagénaire ! C’était l’hiver là-bas, mais pour moi, pas besoin de « polaire » : il faisait entre 20 et 25° C ! Je n’ai pas vraiment grelotté !
* des rencontres variées
J’ai eu le bonheur de rencontrer mes neveux et leurs familles, de faire la connaissance de mes petits neveux, de retrouver des amis très chers, mauriciens et réunionnais, des gens rencontrés au fil des étapes de mon ministère à Nantes ou à Angers. Ces rencontres ont été un cadeau superbe, m’évitant d’en rester à une vision superficielle et touristique. On m’a expliqué les coutumes, et parlé des réalités de la vie : disons-le, tout n’est pas tout rose pour tout le monde ! On a souligné le mélange, plutôt heureux, entre gens d’origines et de religions différentes. Cela me fait rêver d’une autre conception de la laïcité que celle qui est courante ici en métropole … Dans mes balades et dans mes conversations, je n’ai pas oublié mes origines nantaises : tout ce que j’ai pu lire ou entendre sur la colonisation de ces îles, sur la traite négrière, sur la réquisition des engagés après l’abolition de l’esclavage au 19e siècle, tout cela m’a beaucoup touché. Et même, certaines pages méconnues, mais bien sombres, des années 1960, où 1600 enfants réunionnais ont été envoyés – dans quelles conditions ! – vers les départements dépeuplés du Centre de la France.
* des contacts avec les Eglises locales et avec les chrétiens.
Là aussi, expérience précieuse, différente à La Réunion et à Maurice.
A La Réunion, j’ai participé aux messes du dimanche, bien préparées, bien animées, chaleureuses. Les prêtres que j’ai rencontrés étaient des polonais. La pénurie n’est donc pas que chez nous !
C’est à la Réunion que j’ai eu la joie de célébrer le baptême d’un nouveau-né, l’enfant de Romain et de Leila qui est comme ma « nièce de cœur ». On savait que le bébé naîtrait avec un handicap. Imad, dont le prénom signifie « pilier », « soutien » : c’est lui, ce bébé qui, avec la force du Seigneur, nous rend plus forts et capables de l’accompagner dans la vie.
A Maurice, j’ai été guidé par Georgy, un ancien du séminaire d’Angers. Il m’a fait rencontrer nombre de prêtres mauriciens. Visite indispensable au mémorial de Jacques Laval, le « père » de l’Eglise de Maurice. Participation à la fête diocésaine, la Saint Louis, dans la cathédrale de Port-Louis : une messe « officielle » célébrée par le cardinal Maurice Piat, en présence du Président de la République et des ministres au grand complet !
Que d’opportunités pour mieux sentir la vie de l’Église universelle ! Faut-il le redire, la France n’est pas le centre du monde ! Dans ce voyage, j’ai pu élargir mon horizon et me rendre plus attentif à ceux qui viennent d’ailleurs, d’Outre-mer ou des pays étrangers. Ils se glissent trop discrètement dans nos communautés. Nous ne les accueillons pas forcément mal, mais le plus souvent nous les ignorons !
Je n’oublierai jamais cette réaction de Leïla, sortant toute triste d’une messe dominicale quand j’étais curé de La Chapelle/Erdre, me disant : « c’était lugubre !». Puissent nos liturgies rester joyeuses et chaleureuses. Puissions-nous rester attentifs aux gens « venant d’ailleurs », étrangers ou non, présents dans nos églises ou voisins de nos villages ou de nos quartiers… Si nous voulons élargir nos horizons, nous n’aurons pas forcément à faire 10 000 km… mais déjà quelques pas à notre porte, ou dans nos églises.
Gilles PRIOU