Une famille en bonne santé !
La famille ! Comme il nous plairait d’en peindre un tableau idéal ! Mais nous savons tous, au cœur même de notre expérience personnelle, combien nos familles, parents et enfants, sont bien éloignées de l’idéal que nous nous faisons de cette « église à la maison » (Concile Vatican II). La réaction est bien souvent la facilité : « c’est comme ça ».
Je dis “facilité” (on pourrait dire aussi “fatalité”), car cette réponse est inacceptable car pas vraiment chrétienne. Pour les parents comme pour les enfants. Certes, nous “héritons” d’un passé familial qui s’est imposé à nous et il a fallu alors faire avec. Mais il n’est pas honnête d’en faire le prétexte de tout ce qui peut nous arriver, de tout ce que nous avons raté. Pour autant, reconnaître que « réussir da vie de famille » est chose difficile appartient au bon sens ! Surtout dans un contexte défavorable à son épanouissement, sous les coups simultanés de l’individualisme (ma petite personne), du matérialisme (mon argent), de l’opposition des sexes (moi contre toi) et de la confusion des générations (démission des parents). Mais que mettons-nous sous ce mot « réussir » ?
Dans un récent ouvrage, Gary Chapmann, également connu pour son livre « les langages de l’amour », propose cinq caractéristiques d’une famille en bonne santé (Cf. « Une famille qui s’aime », 2010). Autant d’appels à la conversion de nos réflexes inconscients et de nos prétendues “bonnes manières”.
1 – Une famille qui sert. L’auteur invite les parents à « prêcher moins et servir davantage ». Les mots s’envolent souvent, et même certains tuent ; il y a des gestes qui valent bien mieux que des paroles !
2 – Des couples en pleine intimité. On voit renaître des couples qui décident de cesser d’enfouir leurs émotions, leur culpabilité, et se parlent, s’écoutent.
3 – Des parents qui guident. Des pédagogues qui parlent en expliquant et non en imposant, qui marient toujours exigence et amour.
4 – Des enfants qui obéissent à leurs parents et les honorent. Apprenant peu à peu du bénéfice qu’on tire à obéir (reconnaissance) et des inconvénients de la désobéissance (conflits).
5 – Des maris qui aiment et dirigent. Des pères qui s’impliquent dans la vie de leurs enfants et les aiment inconditionnellement… Et que leur femme encourage patiemment et avec bienveillance dans leur rôle !
Et si ces caractéristiques d’une famille en bonne santé étaient applicables à la vie en paroisse ? Si nous voulons savoir si nos paroisses sont « en bonne santé », je suggère de relire ce qui précède en remplaçant les termes. Je m’y suis personnellement appliqué et j’y ai puisé un certain bénéfice. Bien entendu, il n’y a pas de paroisse idéale et je vois bien que le travail n’est jamais fini. Mais nous ne pouvons pas demander à la paroisse de faire mieux que nos familles.
Alors que nous venons de fêter « Marie-Mère de l’Église » (lundi de Pentecôte), demandons-lui de veiller sur nous et de nous apprendre l’amour fraternel et le sens des relations justes entre nous. Rappelons-nous aussi, en cette fin d’année pastorale, l’appel de notre évêque, lors de la visite pastorale : « la paroisse est une famille où Dieu est présent, où l’on s’aime et où l’on prie ».
Père Rémy CROCHU