Une paroisse et des paroissiens

« Notre curé ? On ne le voit jamais ! ». Cette formule est parfois prononcée, du moins me la rapporte-t-on de temps en temps. Elle peut me paraître blessante, mais elle traduit un ressenti, sinon une réalité. Le fait est que j’ai été nommé — tout comme mes prédécesseurs — curé de 2 paroisses et donc de chrétiens répartis sur 14 clochers. Mes confrères, malgré leur âge, sont admirables dans leur dévouement et nous devons goûter la grâce de pouvoir encore compter sur eux. Je connais bien des régions de France — et certains dans cette période de vacances en feront le constat — qui n’ont plus cette chance.

Cependant, je dois avouer que ma présence de curé, c’est-à-dire de responsable pastoral de la communauté chrétienne en ce lieu, ne peut être hebdomadaire lors des messes dominicales : si je suis dans l’une des paroisses, je ne peux être dans l’autre. Et réciproquement !

Nous entrons dans la période estivale. Cependant, et parce qu’il faut déjà penser à l’année à venir, nous avons convenu avec l’EAP d’un petit changement. Il devrait passer relativement inaperçu, mais il nous semblait important à opérer. A partir d’octobre, les « messes en famille » de la paroisse Saint Guénolé ne seront plus le 4ème dimanche du mois mais le 3ème. Ce changement me permettant d’espérer être autant que possible présent un WE sur deux dans chaque paroisse et à part égale.

Ceci dit, nous devons nous rappeler que, le nombre de prêtres diocésains diminuant et leur moyenne d’âge augmentant, nous devons souvent revoir notre organisation.

Rappelons ici ce qu’est une paroisse. Le mot lui-même ne manque pas d’intérêt puisqu’il désigne le « voisinage » entre des personnes d’un même territoire. Un curé en est le « pasteur propre », et son nom — curé — signifie qu’il en a « la charge d’âmes » (le « soin » — du latin « cura » — spirituel des personnes). L’étendue de nos territoires, et bien davantage quand il s’agit d’être curé de 2 paroisses, ne facilite pas, il faut l’avouer, cette tâche. Et le curé peut sembler parfois bien éloigné… J’ai eu la chance de voyager un peu. Et je me suis rendu compte qu’en bien des endroits, le pasteur avait des kilomètres à parcourir pour visiter ses paroissiens et qu’il était parfois attendu pendant des semaines avant de pouvoir venir célébrer une messe ou des sacrements…

Certes, nous n’en sommes pas là. Cependant, nous devons repenser sans cesse le soin spirituel des personnes en des modalités nouvelles si nous ne voulons pas assister passivement à la mort de nos communautés.

Les caractéristiques d’une communauté vivante sont — et ont toujours été — les mêmes (voir Actes 2, 42-47) :

· Une communauté de gens qui se réunissent autour de la Parole de Dieu, méditée et accueillie.

· Une communauté où s’accueillent dans la joie et la simplicité des frères et sœurs.

· Une communauté eucharistique

· Une communauté de prière et de louange.

· Une communauté où l’on a le souci des plus pauvres, des plus fragiles.

· Une communauté missionnaire, « témoignante », accueillante.

Une Communauté, oui : ne demandons pas à nos prêtres (ils ont leurs limites !) de faire ce qui relève de la responsabilité de tous et de chacun, de nos familles, de nos lieux d’engagement chrétien. Avec l’Équipe Pastorale, notre préoccupation est en permanence, non pas de « faire à la place de » mais de « veiller à ce que chacun prenne sa part du service » pour que le Christ soit annoncé, connu et aimé. Merci à tous, jeunes et moins jeunes, pour votre bienveillance à nos appels !

Père Rémy CROCHU

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