Qui est Dieu ? Cette question, en ce jour où la liturgie fête la « Sainte Trinité », mérite sans doute une réponse. Mais, n’y répondons pas trop vite, car elle demande une grande humilité. Qui peut prétendre connaître Dieu ? Et de quelle connaissance parlons-nous alors ? On peut dire des choses sur Dieu. Proposer des définitions, citer des versets de la Bible. Mais, est-ce bien cela « connaître » ? Souvent, ceux que nous disons « connaître », nous ne faisons que les approcher. Et c’est après des années que nous découvrons des aspects cachés de leur vie, après des années que notre regard sur eux change.
Il en est ainsi de Dieu. On ne le connaît – au sens de l’aimer ! – pas tant qu’on ne le fréquente pas longuement, tant qu’on ne cherche pas à le connaître et à l’aimer en profondeur. Il est l’ami qui cherche un ami. Mon ministère de prêtre me donne de rencontrer des jeunes, des adultes, des anciens aussi, qui m’impressionnent par leur propre quête de ce Dieu caché. Je me rends compte que beaucoup de nos contemporains ont une quête sincère de Dieu, dans leur vie. Un Dieu sans visage, le plus souvent. Mais une présence discrète qui les entourent et les accompagnent. Pour les Chrétiens, Dieu a pris visage en la personne du Christ Jésus. Et celui qui regarde vers Jésus regarde vers Dieu. Jésus n’est pas un « autre Dieu » ; il est Dieu ! Et, dit Jésus, « qui me voit, voit le Père ». Saint Jean écrit : « Personne n’a jamais vu Dieu : c’est (son Fils) qui nous l’a fait Connaître » (Cf. Jn 1, 18). Et Saint Paul de son côté a cette formule : « (Jésus) est l’image du Dieu invisible » (Col 1, 15).
Mais c’est là qu’une seconde question surgit : que voyons-nous de Jésus ? Que connaissons-nous de lui ? Que connaissons-nous de Dieu à travers lui ? Or, connaître, c’est fréquenter – je l’ai dit. Fréquenter le Christ, c’est fréquenter les Écritures. Pas se contenter de tourner autour comme un garçon autour d’une fille ! C’est plutôt découvrir le Christ dans les Évangile et entrer en dialogue avec lui, comme deux amis qui se racontent leur vie ! Une jeune de la confirmation me confiait ces derniers temps que sa prière du soir consistait à raconter sa journée à Jésus. Voilà une bonne chose. A condition évidemment que ce ne soit pas à sens unique. Et, Jésus dit aujourd’hui dans l’Évangile : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ». Nous devons devenir des familiers de Dieu, du Christ. « Familiers » au sens de « famille », de la même « famille ».
Celui qui tisse en nous ce lien d’intimité avec Dieu, ce lien d’amitié, s’appelle l’Esprit-Saint. D’où cette troisième question : que connaissons-nous de l’Esprit Saint ? Que connaissons-nous de Dieu à travers-lui ? Si Jésus est le visage de Dieu invisible, l’Esprit-Saint en est la respiration, l’inspiration. Car Dieu n’est pas une sorte de vis-à-vis, et encore moins un étranger. Dieu veut habiter en nous comme l’air habite nos poumons pour oxygéner nos cellules. Tu ne respires plus ? Tu es mort ! ainsi en est-il de qui ne respire pas Dieu, ne se laisse pas « inspirer » par lui !
Dieu Père, source de l’Amour, pour que nous te connaissions et t’aimions en retour, montre-nous ton visage, Jésus ; et remplis-nous de ton Souffle, l’Esprit-Saint !
Père Rémy CROCHU
HOMELIE-TRINITE-JMPPère Jean Michel POUPARD