Nous célébrons le repas de la Cène du Seigneur au cours duquel il institua le grand mystère de l’Eucharistie. Dans ma lecture des textes que nous recevons ce soir, je me suis arrêté sur cette recommandation de la 1ère lecture : « Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. » Je vous propose de méditer cela ensemble.
Le contexte de la première pâque était celui de la préparation du peuple hébreux à vivre son passage de la terre d’esclavage en Égypte à la Terre Promise. Annonce lointaine de la pâque du Christ, de son passage de la mort de la croix à la vie ressuscitée. Nous aussi, avons notre propre passage à accomplir, nous faisant passer d’une vie d’esclaves du péché à une Vie d’éternel bonheur en Dieu.
Et la nourriture prise à la hâte dont dont parlait la première lecture, voici que nous comprenons qu’elle annonçait le dernier repas de Jésus et, par extension en quelque sorte, chacune de nos eucharisties : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, expliquait Saint Paul dans la seconde lecture, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne ». Et l’Exode recommandait de le faire ainsi : « la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. » J’en reprends un a un les termes :
1) « La ceinture aux reins ». Jésus donne dans l’évangile un sens particulier à cette recommandation lorsqu’on nous dit qu’il quitta la table pour laver les pieds de ses disciples après avoir noué le tablier à sa ceinture. Le sens premier du repas de la Pâque, c’est celui du service des frères. « Si moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns les autres ». Une communauté en marche vers la vie nouvelle, se reconnaît à ce signe du service mutuel où personne n’a peur de parfois se serrer la ceinture !
2) « Les sandales aux pieds. » Cette seconde recommandation nous rappelle que la vie chrétienne a les allures inconfortables d’un pèlerinage. Aussi, n’est-il pas anormal que nous ayons de temps en temps des ampoules aux pieds !
3) « Le bâton à la main », enfin. Cette troisième recommandation est indissociable de deux premières : nous appuyer sur le Seigneur et non sur nos deux seules jambes. Il est notre assurance vie ! Appuyons-nous sur lui. « Si je traverse les ravins de la mort, ton bâton me guide et me rassure », chante le psaume 22 (v.4).
Vous l’avez compris, ce Jeudi Saint nous met en mouvement, pour qu’en mettant nos pas dans ceux du Christ, nous passions avec lui de la mort à la Vie. Que la Pâque du Seigneur soit aussi pour nous une expérience pascale, un chemin de résurrection !
Père Rémy CROCHU