1er avril 2021 – Nozay
Il est des expressions bibliques dont nous pressentons l’importance mais dont nous peinons à comprendre le sens. Et c’est bien le cas de deux d’entre elles, aujourd’hui : « Le Sang de l’Agneau » et « le lavement des pieds ».
1 – « Le Sang de l’Agneau ». Son origine provient du premier repas pascal, celui des hébreux avant le passage de la Mer Rouge et leur fuite au désert : ce que nous rapportait la première lecture (Exode 14). Non un repas pour simplement refaire ses forces avant la grande épreuve, mais un repas sur fond de sacrifice sanglant : celui d’un agneau, symbole par excellence de l’innocence et de la douceur.
Jésus, la douceur et l’innocence incarnées, se fait Agneau pour prendre sur Lui et sur Lui seul le poids de toutes les violences de ce monde. « L’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », c’est lui. La pâque nouvelle, celle du Christ mort et ressuscité, est l’ultime violence qui met fin à la violence à laquelle le Mal soumettait l’homme depuis le premier péché. Par la pâque du Christ, son sacrifice sur la Croix, le monde passe de la mort à la Vie. Et nous qui mangeons sa chair et qui buvons son Sang, nous sommes comme « vaccinés » par lui dans notre combat contre le péché et la mort. Il est singulier de penser que la crise sanitaire actuelle nous empêchera, en ce Jeudi Saint, de communier au Précieux Sang. Sans doute l’invitation à grandir dans la soif de cette Vie nouvelle, de ce vaccin que l’Agneau de Dieu offre gratuitement à tous ceux qui croient en lui.
2 – « Le lavement de pieds ». Le geste de Jésus rapporté par l’évangéliste Jean n’est pas moins mystérieux. D’autant plus que Saint Jean le situe dans son évangile en lieu et place du repas pascal. Dans la culture juive, laver les pieds était un geste de respect qu’on réservait aux hôtes de passage, juste avant de se mettre à table. Jésus va là encore renouveler le sens de ce geste. Pour qu’ils renoncent désormais à courir vers le sang mais vers la Vie, il faut que nos pieds soient lavés par le Christ. Et « pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! », selon l’expression inspirée de l’apôtre Pierre. Là encore, n’est-il pas étrange que les risques de contagion nous empêchent de nous laver symboliquement les pieds, en ce jour de jeudi-Saint ? Par-delà l’impossibilité sanitaire, nous devons y voir le même appel à désirer nous plonger davantage encore dans l’amour, dans l’offrande du Christ. En d’autres termes… nous plonger dans le Sang de l’Agneau Pascal et nous laisser « vacciner » par Lui ! Alors nous pourrons nous laver mutuellement les pieds avec cette même Source claire.
Et l’ange de l’Apocalypse ne cesse de chanter : « Heureux ceux qui lavent leur vêtement dans le Sang de l’Agneau ! Ils boiront gratuitement l’eau de la Vie ! » (Cf. Apocalypse 22, 14.17)
Père Rémy CROCHU