L’Annonciation à Marie

20 décembre 2020

On l’a dit des plus grands saints. On l’a dit d’un Saint François. Mais qui, plus que Marie Mère de Jésus, peut être présenté comme « l’évangile mis en œuvre » ? Contemplée à quelques jours de Noël, L

la Vierge Marie est à l’Évangile ce que le concert est à la partition : sa vie fait entendre mieux que quiconque la musique de la Bonne Nouvelle en Jésus-Christ. Aussi, nous avons tout bénéfice à regarder Marie comme le modèle excellent pour notre vie. Et qu’apprenons-nous en la regardant ? Sans prétendre faire le tour de la question, voici quatre réflexions personnelles.

1) Marie nous apprend que Dieu se révèle dans la simplicité de la vie quotidienne. C’est là qu’il veut nous rejoindre et non ailleurs. Dieu dans les choses simples, Dieu dans la vie et non à côté. Saint Thérèse d’Avila disait : « prie dans les casseroles, dans la cuisine : le Seigneur se déplace parmi les pichets, les pots, les plats, les casseroles et les poêles » ! » Regardée comme l’humble femme de Nazareth, Marie nous fait passer d’une religion théorique, remplie de principes ou d’habitudes, à la foi du quotidien où l’ordinaire devient extraordinaire, simplement parce qu’on y a invité Dieu. Et cela vaut aussi pour la prière où nous devons l’inviter à être présent, jusque dans nos inévitables distractions, nos rêveries.

2) Marie nous apprend que Dieu arrive dans cette vie quotidienne avec une promesse de bonheur : « Réjouis-toi, Marie » ! Marie nous rappelle que « la foi n’est pas encore la foi » si elle ne suscite pas en nous une confiance joyeuse : « qu’il me soit fait selon ta parole ». Oui, chers amis, Dieu veut remplir d’espérance notre cœur inquiet, nous consoler dans nos vagues à l’âme, nous apaiser dans nos angoisses les plus fortes, nous assurer de sa présence dans nos douloureuses solitudes. À travers la voix de l’ange, Dieu vient nous dire que la joie et la beauté auront le dernier mot et qu’il y a une vraie consolation de croire !

3) Marie nous apprend en même temps que la foi peut s’entrelacer de questions ou de doutes. « Comment cela peut-il se faire ? », dit-elle à l’ange. Notre époque est celle du doute. C’est connu. Mais doit-on s’en affliger ? La foi était-elle meilleure quand elle était granitique, remplie de certitudes qu’on voulait parfois imposer aux autres ? Je crois que c’est le contraire. Et si aujourd’hui vivre de sa foi chrétienne semble moins confortable, moins reposant, c’est pour y faire monter de plus beaux « alléluia » en chaque visitation inattendue de Dieu dans notre quotidien, et grandir dans notre vocation chrétienne à devenir des « mères de Dieu » pour ceux qui sont en recherche. Parce qu’aujourd’hui encore, Dieu, comme hier, a besoin de « mères » pour le donner au monde !

4) Marie enfin nous apprend que Dieu est à l’œuvre dans nos relations humaines. C’est une évidence si nous superposons l’Annonciation à Marie et le songe de Saint Joseph (Mt 1, 18). Dieu parle à l’époux et à l’épouse (même si c’est de façon différente), il parle aux parents. Dieu est à l’œuvre dans nos familles, dans nos maisons, dans nos joies et nos peines quotidiennes, dans nos élans les plus timides et même dans nos échecs. Dieu n’est pas au-dehors de tout, il ne vole pas du temps, il n’envahit pas, il ne retire pas du monde… Il est « Dieu avec nous ». Et, comme il est bon de vivre aujourd’hui puisqu’il est là, toujours. Avec et comme Marie, écoutons la voix de l’ange : « Le Seigneur est avec toi/vous… »

Père Rémy Crochu, curé.

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