L’histoire de la Samaritaine nous fait voir, dans l’humanité de Jésus, sa divinité. Méditons ensemble cette séquence de la vie de Jésus en nous laissant toucher nous aussi par lui.
Laissons-nous tout d’abord toucher par l’humanité de Jésus. On l’imagine fatigué, s’asseyant sur la margelle du puits et cherchant à ouvrir lui-même le dialogue. La Samaritaine est doublement surprise : un juif ne cherchera jamais à entrer en conversation avec un samaritain considéré par lui comme un hérétique. Qui plus est avec une femme ! Et par ailleurs, Jésus ne peut cacher sa condition de Rabbi, de maître : les franges de son vêtement en témoignent. « N’a-t-il donc pas des yeux pour voir à qui il s’adresse ?! »
« Donne-moi à boire », demande Jésus. Que Jésus ait soif, cela n’a rien de surprenant, en plein midi. Mais laissons-nous toucher par sa demande. Elle cache une intention : rejoindre la femme dans ses propres attentes : celles qui l’ont conduite au puits mais aussi ses attentes secrètes : pourrai-je un jour sortir de ma condition de femme qu’on pointe du doigt : « Vous vous rendez compte : elle a eu 5 maris et aujourd’hui elle vit avec un sixième qui n’est pas son mari ! » Mais, devant cet homme fatigué et assoiffé, la femme se sent en confiance. Il la regarde pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle a fait. Comme nous devrions apprendre d’elle, nous qui trop souvent nous croyons indignes de nous présenter devant Dieu, remplis de culpabilité, de remords. Comme il serait bon que nous comprenions que Dieu attend notre amour en retour du sien : « J’ai soif de toi », nous dit-il, jusque sur la croix.
Avançons un peu. La femme engage prudemment la conversation avec cet homme qui pique sa curiosité : « J’ai à t’offrir une eau intarissable ! » Avons-nous nous aussi cette curiosité piquée quand quelqu’un nous partage une expérience, quand nous entendons un récit de conversion, quand nous lisons la vie d’un saint ou d’une sainte ? Avons-nous encore des occasions d’être touchés, bousculés par le Christ ? Ou bien sommes-nous devenus blasés, n’aimant pas trop les imprévus ? Jésus ne cesse de chavirer des vies, dans l’évangile. On le voit avec Pierre, Zachée, la femme adultère, le jeune homme riche, Marie-Madeleine, les pharisiens, le bon larron… Jésus continue de faire ainsi en nous rejoignant aux moments les plus inattendus et dans des circonstances toujours surprenantes.
C’est alors que la Samaritaine se sent percée à nu : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait ! » C’est une expérience importante, dans un chemin de conversion, de se sentir écouté, compris, reconnu. Ce sera pour l’un l’expérience d’un sacrement du pardon, pour un autre de conseils pleins de bon sens, pour un autre encore d’une parole prophétique. Le Christ, décidément, nous touche et nous bouleverse, qui nous dit : je te connais bien, et je vais t’aider à te connaître toi-même.
Vient alors le moment où Jésus se fait reconnaître lui-même : « Je suis le Messie attendu, moi qui te parle ». La femme en laisse tomber sa cruche ! Elle se lève précipitamment et court raconter son aventure. Elle devient missionnaire. Nous aussi, aujourd’hui encore, nous ne pouvons pas taire ce que le Seigneur a fait pour nous : Seigneur, tu m’as touché au cœur ! Oui, « c’est vraiment toi le Sauveur du monde. »
Père Rémy CROCHU
HOMELIE-DU-12-03-2023Père Jean Michel POUPARD