Homélie du 11 septembre 2022

« Mon fils était mort, et il est revenu à la vie »

La parabole de l’enfant prodigue est un cadeau pour nous, aujourd’hui. Elle nous redit le grand projet, l’unique projet de Dieu : nous faire passer de la mort à la vie ! Il peut se faire que nous nous reconnaissions dans le fils perdu de la parabole, celui qui s’est éloigné : « viens à la vie », lui dit le père de la parabole. Il peut aussi se faire que nous nous reconnaissions dans le fils aîné, celui qui est toujours resté à la maison. « Qu’as-tu fait de ton frère ? », lui dit alors le père. Car, passe de la mort à la vie celui-là seul qui se souvient qu’il a un frère.

Nous commençons une nouvelle année. Alors qu’elle va démarrer, je voudrais rappeler à chacun de vous — qui que vous soyez, enfant, jeune ou adulte, fils perdu ou fils à Papa (Dieu !), homme ou femme, ancien de la paroisse ou nouvel arrivant — : Tu es attendu par Dieu, il t’appelle à la vie !

J’entends déjà l’un ou l’autre dire : et concrètement, ça veut dire quoi ?

Nous ne cessons de le dire : une paroisse, c’est une famille. Et comme dans toute famille, nous sommes faits pour nous soutenir les uns les autres. Ça n’a rien de facile, et les familles sans problèmes n’existent pas. Mais, la parabole du fils prodigue nous le rappelle : on ne peut se consoler de voir des frères s’éloigner ou se séparer.

Je veux donc commencer mon propos en soulignant le scandale de nos divisions. C’est une blessure profonde que de voir des personnes s’éloigner les unes des autres ou s’éloigner de la famille, même avec des prétextes d’apparence juste : « tu comprends, après ce qu’il m’a dit, après ce qu’il m’a fait… » Les divisions, aujourd’hui comme hier, sont une plaie, un cancer pour la famille, pour l’esprit de famille. Or l’appel d’aujourd’hui est clair (sans jeu de mot avec le nom de la paroisse !) : nous devons passer de la mort à la vie !

Mais, plus concrètement encore, en ce commencement d’année, je voudrais inviter chacun de vous à s’interroger sur son sens de la famille paroissiale : on peut, pendant un temps ou à une certaine étape de notre vie, se dire que nous ne pouvons pas raisonnablement apporter notre concours à la vie paroissiale. C’est souvent le cas dans des périodes de vie professionnelle difficile, de vie de famille chronophage. Mais il y a encore trop de fils (ou de filles !) aînés qui se contentent de rester chez papa sans bouger le petit doigt, sans avoir « l’esprit de famille ».

Quand on est dans une famille, il est important que chacun prenne sa part de souci de tous les membres, y compris de ceux qui se sont coupés de la famille. C’est tout aussi vrai dans une paroisse. Je m’explique. Si tu es engagé, et parfois depuis des années, dans une équipe liturgique, de ménage, d’animation ou de préparation à un sacrement — que sais-je ? — l’Évangile te rappelle aujourd’hui que ce n’est pas pour toi ou pour te trouver une occupation que tu fais cela : c’est pour servir la vocation d’une paroisse : réunir la famille ! Si tu as rejoint un groupe de prière, une aumônerie, une Fraternité d’Évangile, un mouvement de chrétiens, rappelle-toi que ce n’est pas seulement pour te faire du bien que tu fais cela : c’est en t’occupant de l’âme de tes frères qui n’y sont pas que tu sauveras la tienne ! Si tu apportes tes talents de chanteur, de lecteur, de musicien, de servant, de formateur, de visiteur de malades, de catéchiste, rappelle-toi qu’on n’attend pas de toi que tu te fasses plaisir : la paroisse n’est pas au service de l’égo de chacun ! On t’attend pour mettre ton talent au service de la Communauté et de l’évangélisation.

Et puis, il y a les hésitants. Il y a ceux qui se disent : je me sens au bord de la paroisse. Je vois bien qu’il y a des gens qui font des choses mais, moi, qu’est-ce que je pourrais bien apporter ? Je n’ai pas de talents, je n’y connais rien… Et puis, il y a ceux qui voudraient bien rendre service mais qui se disent : j’attends d’abord qu’on me demande, mais personne ne me fait jamais appel… Il y a encore ceux qui se disent : moi, je n’ai pas le droit de m’approcher, de revenir, après tout ce que j’ai fait de mal dans ma vie. J’ai trop honte…

Nous allons proposer à partir de cet hiver un parcours Alpha. Aurons-nous (et je le dis à tous) l’audace de proposer à qui veut de s’arrêter un peu et se donner avec d’autres l’occasion de se poser la question du sens de leur vie ? Je vous renvoie au bulletin pour y découvrir cette proposition.

Cette année, nous allons baptiserons des enfants (120/an), nous préparerons des couples de fiancés au mariage (26/an), nous célébrerons des funérailles (180/an) : y aura-t-il quelqu’un pour les accompagner, les encourager ?

Nous aurons des messes à proposer pour nourrir la faim de de la Parole et de l’eucharistie : y aura-t-il encore des frères ou des sœurs pour chanter, accompagner, lire, préparer, servir la liturgie ?

Appeler : voilà le mot d’ordre de ce début d’année. Et faisons en sorte que chacun trouve et prenne pleinement sa place. Certains disent : mais, tout ça, c’est le boulot du curé ! Sans me défausser, je trouve que c’est un argument médiocre : Jésus n’a pas appelé des disciples, juste pour que ceux-ci le regardent faire ! Soyons sérieux ! Si nous nous imaginons que d’autre s’engageront à notre place, je ne donne pas 10 ans à la paroisse. Je le dis à des frères, je le dis à une même famille : nous sommes co-responsables de l’appel au service ! Il y a une plaquette paroissiale qui présente la richesse de la paroisse. Le savez-vous ? L’avez-vous lue ? L’avez-vous utilisée pour donner des renseignements utiles autour de vous ?

Avec notre évêque, je vous invite enfin à prier pour l’avenir de nos paroisses. Il nous demande notamment de prier pour les vocations dans l’Église, dans nos familles, dans nos familles/Église. Prier pour qu’il y ait encore demain des prêtres, des parents chrétiens, des consacrés, pour aider à passer de la mort à la vie les enfants perdus de la famille de Dieu !

Père Rémy CROCHU

HOMELIE-DU-11-09-2022

Père Jean Michel POUPARD

Les commentaires sont fermés.