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Père Jean-Michel POUPARD

« Qui êtes-vous allé voir au désert ? », interroge Jésus en s’adressant aux foules qui sont allées s’inquiéter de ce que disait le prophète Jean, dit « le baptiseur ». Jésus pose trois fois la question. Elle mérite donc aujourd’hui toute notre attention. Bien entendu, nous ne sommes pas des contemporains du baptiste et nous n’avons plus de désert où aller l’écouter. Encore que ! Il est probable qu’il y ait peu de gens à ne pas être « en recherche », comme on dit, et qui se tournent alors vers les réponses qu’ils trouvent ça et là. Les foules cherchaient une voix qui leur indique des signes de la venue du Messie annoncé. Remarquez bien que Jean lui-même cherchait  des signes, lui qui envoie ses disciples demander : « es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ». Aujourd’hui encore, nous sommes tous là à chercher des signes qui réveillent notre espérance et notre foi.

La réponse de Jésus est claire : mes actes témoignent de ce que je suis bien le Messie attendu : je fais des guérisons, je ressuscite même des morts, je redonne de l’espoir aux plus pauvres ! C’est bien la preuve que celui qui doit venir, qu’on attend pour sauver Israël, il est au milieu de vous.

On pose souvent la question, et à juste titre : si Jésus est toujours présent au milieu de nous, pourquoi ne fait-il pas aujourd’hui tout ce qu’il faisait hier ? Certains auront vite répondu : c’est justement parce qu’il n’est plus là ! D’autres diront : c’est parce que nous n’avons pas plus la foi en lui, que nous nous ne lui demandons plus rien.

Il me semble que, pour comprendre ce que veut nous enseigner l’évangile d’aujourd’hui, il faut repartir de Jean-Baptiste. Celui-ci proposait aux foules d’alors un baptême particulier : il les plongeait dans les eaux du Jourdain pour une purification de leur âme. Un peu comme on se plonge dans un bain pour laver son corps des peaux mortes et de la crasse qui le recouvrent. On retrouvera ce geste dans l’invitation que Jésus fait à des lépreux ou à l’aveugle-né d’aller se laver.

De quoi avons-nous besoin de nous laver ? De toutes ces choses qui nous empêchent de voir (le verbe apparaît 5 fois dans le texte que nous avons entendu). Et quelles-sont-elles ? J’en propose deux : être lavés de notre orgueil et de préjugés ! De notre orgueil qui nous  fait tout penser en fonction de nous, de notre intérêt, et qui nous détourne des autres et donc de Dieu. De nos préjugés, aussi. Souvent, des idées toutes faites, un avis trop vite établi, l’identification d’une personne à un acte, tout cela nous empêche de voir au-delà, de voir ce qui se cache de beau derrière. On sourit de l’apparente naïveté le l’un, on s’offusque du ton fier de l’autre, on s’agace du ton cassant d’un troisième. Ce faisant, il est fort probable qu’on passe bien souvent à côté de celui par qui Dieu a cependant choisi de nous rencontrer, de nous parler, de nous guérir, de nous offrir son salut.

Croyez-vous que tous ceux qui ont croisé la route de Jésus ont reconnu en lui le Sauveur ? Absolument pas ! Cela n’est donné qu’à ceux qui acceptent de dépasser leurs orgueil et leurs préjugés ou du moins demandent humblement d’en être lavés.

Père Rémy CROCHU

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