Un ange, sous l’apparence d’un jeune homme vêtu de blanc, est apparu, assis sur rebord de la pierre où le corps avait été déposé. La présence de cet inconnu fait trembler d’effroi les trois femmes venues de bon matin au tombeau. « Il n’est pas ici », leur dit-il. « Vous cherchez Jésus, le crucifié ? Il n’est pas ici. »
En cette nuit (ce jour) de Pâques, ces quatre mots résonnent à nouveau à notre oreille : « il n’est pas ici »,redit l’ange à chacun de nous. L’ange de la résurrection s’approche de toi qui viens ici depuis ta tendre enfance comme de toi qui vis cette fête de Pâques pour la première fois ; il s’approche de toi, le nouveau baptisé de Pâques et de toi qui as été baptisé, il y a bien longtemps ; il s’approche de toi qui viens en trainant des pieds comme de toi dont la soif est ardente ; il s’approche de toi qui trouves que la vie est belle aussi bien que de toi qui la traine comme un boulet ; il s’approche de toi qui crois au ciel et de toi qui n’y crois pas ou ne sais s’il faut encore y croire… L’ange s’approche, et te met en garde : « Il n’est pas ici ».
Qu’il n’y ait pas de malentendu ! « Il n’est pas ici » ne signifie pas que Dieu a déserté ce lieu. Il signifie que Jésus n’appartient pas à la mort, « sur lui, la mort n’a plus aucun pouvoir ». « Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant ». Il est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ! Le Christ est bien autre chose qu’un cadavre gisant dans le tombeau de votre cœur où vous l’avez parfois laissé pour mort. Le Christ est bien autre chose que la représentation que vous vous en faisiez dans votre enfance, dans votre jeunesse, jusqu’à la caricature : un “christ” sacrifiant à tous vos caprices. Le Christ est bien autre chose que le souvenir nostalgique et lointain de moments heureux mais révolus. Le Christ est bien autre chose qu’un objet de décoration sur le mur de vos maisons. Non, « il n’est pas ici », dit l’ange.
« Il n’est pas ici ». Il n’est pas là où nous l’avons cantonné. Car le Christ continue de « nous précéder en Galilée » : il nous devance ailleurs, il nous attend, au-delà de nos doutes comme de nos certitudes. On n’enferme pas Dieu, on ne lui dicte pas où il doit se tenir, ni ce qu’il doit faire, ou quand il devrait le faire. Ce n’est pas nous qui le convoquons mais c’est lui qui nous convoque et vient à notre rencontre. A son heure.
C’est l’expérience que doit encore faire cet homme d’âge mûr, rencontré ces derniers jours, qui me criait sa détresse face à des épreuves à répétition : « Que fait Dieu ? ». C’est l’expérience que doit faire cette jeune femme, angoissée de ne parvenir à trouver le sens de sa vie : « Que veut Dieu ? » C’est l’expérience que doivent faire ces jeunes adultes qui découvrent la foi et guettent les signes de Dieu : « Où donc est-il sur mon chemin ? »
« Il n’est pas ici », leur répond l’ange de la Résurrection. Il n’est pas ici celui qu’on voudrait voir céder à nos demandes, à nos attentes. Il n’est pourtant pas loin. Bien plus près que nous l’imaginons. Mais il attend seulement que nous lui fassions confiance, et il se manifestera à son heure : comme pour les femmes à l’entrée du tombeau ; comme pour Pierre et Jean accourus à leur suite ; comme pour les pèlerins désespérés, marchant vers Emmaüs ; comme pour Saul sur son chemin vers Damas.
Où donc est Dieu ? Il te le dira à son heure et ton cœur éclatera de joie, d’une joie immense ! D’une joie de ressuscité !
Père Rémy CROCHU
HOMELIE-DU-31-03-2024Père Jean Michel POUPARD