Homélie du 21 juin 2015 par Emmanuel Mustière :
Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » En voilà une question. Question des disciples de Jésus. Question qui s’est imposée à eux après l’apaisement de la tempête par Jésus. Question qui appelle une réponse avant de pouvoir être envoyés en mission. Comment en effet, donner de son temps, de son énergie, se donner pour ce Jésus de Nazareth sans savoir qui il est ? En cette fin d’année, certains parmi nous sont peut-être appelés à une mission nouvelle qui va commencer très prochainement. D’autres vont prendre un temps de repos pour refaire leurs forces avant la rentrée pour une année nouvelle, des études nouvelles. Les grands-parents parmi nous s’apprêtent à accueillir leurs petits enfants. Et il va falloir être à la hauteur pour les aimer à la manière du Christ, pour leur parler de lui. Mais comment désirer qu’ils connaissent le Christ sans savoir qui il est pour nous ? Comment rayonner de l’amour du Christ à la rentrée sans avoir pris le temps de l’accueillir davantage ? Comment partir en mission sans savoir qui il est ? Aujourd’hui, à la suite des disciples nous devons répondre à cette question : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » Voilà un beau programme de retraite spirituelle, un beau programme pour les jours à venir et pour les vacances. Et pour ce travail, Jésus lui-même vient nous aider aujourd’hui. Pour comprendre qui il est, regardons Jésus. Jésus est celui qui nous invite à trouver notre place, il nous invite à regarder les événements avec son regard, il nous invite à découvrir sa présence à nos côtés.
Jésus nous invite à trouver notre place. « Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » La crainte dont ils sont saisis n’a rien à voir avec la peur panique, éprouvée à la perspective du naufrage. Non, ce qu’ils ressentent, c’est ce qu’avait ressenti Moïse quand il avait rencontré Dieu. Prenant tout à coup conscience de sa petitesse devant l’immensité de Dieu. C’est encore ce que découvrira Job. Lui le juste qui a tout perdu injustement, il voulait demander des comptes à Dieu. Intenter un procès contre Dieu, c’était oublier qu’il avait tout reçu de son créateur. Retrouver sa place dans la création, devant son Créateur, c’est prendre soudain conscience que le tout-puissant c’est Dieu et non pas l’homme. En contemplant la création, il y a de quoi être saisi de crainte devant la beauté toute puissante de son créateur. Saisis de crainte, les disciples commencent à comprendre qui est Jésus. Il est bien plus qu’une créature puisqu’il a tout pouvoir sur la création. Avec sa toute dernière lettre encyclique sur l’écologie, le pape François nous fera sûrement redécouvrir avec crainte la place de l’homme dans la création. Nous reconnaître humble et petit, c’est peut-être le premier pas pour accomplir notre mission. La crainte des disciples est le premier pas pour connaître qui est Jésus.
Pour connaître qui il est, Jésus nous fait redécouvrir qui nous sommes devant Dieu. Il nous invite encore à regarder les événements avec son regard, un regard d’espérance. Tant que Jésus n’est pas intervenu, les disciples ne voient pas d’autre issue que le naufrage et la mort. « Maître, nous sommes perdus, cela ne te fait rien ? » Leur vie est encore centrée sur eux-mêmes, ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Jésus lui, dort à l’arrière sur un coussin, du sommeil d’un bienheureux, en confiance. Il a pleine confiance en Dieu son Père. Eux, n’ont pas encore compris que Jésus peut les sauver de la mort. Ils n’ont pas ce regard neuf, ce regard d’espérance dont parle St Paul. Or, nous dit St Paul, « le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui qui est mort et ressuscité pour eux. » Accueillir le Christ, c’est changer son regard. C’est voir à la manière du Christ. Quand la peur d’être submergés nous assaille, demandons un regard neuf. La foi ne chasse pas les épreuves, elle donne la force de voir par-delà les épreuves qu’un chemin est encore possible. Posons-nous une question : Quand est-ce que Jésus a changé notre regard sur les événements de nos vies ? Celui qui a pu nous donner ce regard neuf, un regard d’espérance, ne serait-il pas le sauveur ?
Jésus est celui qui nous fait redécouvrir qui nous sommes, il est celui nous offre son regard, un regard d’espérance. Il nous invite à découvrir sa présence à nos côtés. « Pourquoi êtes-vous si craintifs, n’avez vous pas encore la foi ? » Si les disciples n’ont pas encore compris qui était Jésus. Ils ont quand même pensé à le réveiller, reconnaissant qu’il pouvait sans doute les aider. Ainsi, dans le péril, ils se sont souvenus d’une chose : Jésus est avec nous ! Frères et sœurs, ils nous arrive parfois, dans la barque de notre vie, surtout quand elle prend l’eau, de croire que nous sommes seuls. Maladie, chômage, difficultés familiales, deuil, échecs personnels… Il nous arrive d’oublier que Jésus est avec nous et qu’il a déjà vaincu le mal et la mort. Celui qui semble dormir, il veille. Puissions-nous entrer dans la confiance : il est là et que cela nous suffit. Jésus est celui dont la confiance n’a pas été ébranlée. Il veut nous faire entrer dans cette confiance. Il veut nous faire participer à cette confiance toute puissante : la foi. « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » Un jour, Jésus s’est invité dans la barque de nos vies pour nous faire entrer dans la sienne. Demandons-lui de redécouvrir quelle place son Père nous a donnée, quel regard il veut nous communiquer, quelle présence il nous offre. Alors, nous comprendrons mieux qui il est. Et à la suite de Pierre, que nous fêterons dans quelques jours nous pourrons répondre à notre manière : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant et je suis prêt à partir là où tu m’envoies pour ta mission. Amen.