Qui veut la paix ?

On a pensé longtemps avoir tourné le dos à la guerre, mais il est désormais impossible de ne pas voir qu’elle se fraie un chemin apparemment inexorable, sur tous les continents. On parle même de records de conflits enregistrés depuis 1946, selon une étude réalisée par « l’institut de recherche sur la Paix » d’Oslo et datée du 11 juin dernier. Des guerres dont on parle, et d’autres dont on ne parle pas. Mais de vraies guerres, avec des milliers de morts, de familles déplacées, avec une industrie de l’armement en plein essor et des budgets militaires nationaux en hausse un peu partout. Le vieil adage latin « si vis pacem, para bellum » (« si tu veux la paix, prépare la guerre ») semble se justifier un peu partout !

Et, derrière nos écrans, nous assistons, impuissants, à cet embrasement qui se propage : Ukraine, Gaza, Iran, Soudan, Éthiopie, Mozambique… sans parler des pays en crise politique profonde ou victimes des convoitises internationales : Haïti, République Démocratique du Congo (Kivu), Syrie…

Quand on resserre un peu le champ de vision, nous découvrons vite que la violence et la haine sont ici aussi et s’accroissent : dans notre pays, dans nos villes, dans nos banlieues, nos rues ou nos écoles.

Avec le recul du temps, nous voyons bien que le monde n’a cessé d’enchaîner des périodes de calme relatif avec des périodes de guerre. Il suffit d’ouvrir une Bible pour se rendre compte que, dans ces siècles anciens déjà, le peuple hébreu n’a pas été épargné : guerres, massacres en tous genres, et même combats fratricides (lisez par exemple le livre de Josué). Le Christ est né et aura vécu l’intégralité de son existence terrestre sous occupation d’une nation étrangère (Rome). Ce n’est pas la paix mais la guerre qui est l’état normal du monde, depuis Adam et Êve, et jusqu’à la fin des temps dont nous parle le livre de l’Apocalypse !

La paix n’a rien d’évident : elle se gagne. Parfois au prix du sang, toujours au prix d’un vrai courage. Pas l’absence de guerre mais la paix conjuguée avec « réconciliation », « reconnaissance mutuelle », « justice ».

Un rêve inaccessible ? Le pape Léon XIV écrit : « La paix n’est pas une utopie : c’est une voie humble, faite de gestes quotidiens, qui tisse patience et courage, écoute et action. Et qui demande, aujourd’hui plus que jamais, notre présence attentive et généreuse. ». En d’autres termes (et pour contredire l’ancien adage) : si tu veux la paix… sois toi-même un homme de paix.

Et, dans son allocution au balcon de Saint Pierre, le 8 mai dernier, le pape exhortait tous les chrétiens à s’engager dans ce combat du Christ : « L’humanité a besoin de lui comme d’un pont vers lequel Dieu et son amour peuvent se connecter. Aidez-nous aussi, et aidez-nous les uns les autres, à construire des ponts, par le dialogue et la rencontre, pour nous unir tous et former un seul peuple toujours en paix. »

J’ai beaucoup aimé qu’il nous rappelle l’importance de « construire des ponts ». Et cela plutôt que des murs ! C’est l’origine du mot « Pontife » (« pontifex : celui qui fait des ponts »). Cela vaut pour le pape certes, mais cela vaut aussi pour chacun de nous, là où nous vivons et avec ceux avec qui nous vivons.

« Poursuis la paix, recherche-là ». Ce verset du psaume 33 me parle bien en ce moment. La paix n’est pas un dû : elle se gagne, elle se conquiert ! Battons-nous… pour la paix !

Père Rémy CROCHU

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