Le tombeau vide
Des millions de pèlerins depuis 2000 ans se rendent dans un lieu où il n’y a rien à voir : le Saint sépulcre, à Jérusalem ! Le tombeau est en effet… vide ! Quelques versets bibliques — pour n’en citer que deux — en témoignent :
« Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau. Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus » (Jean 20, 11-12).
« Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé » (Luc 24, 12).
Par cet événement, le Christ a bouleversé le temps et l’espace.
Le temps. Le Christ, en tant que personne divine est éternel. En tant qu’homme, il a eu un début (sa naissance au sein de Marie) mais, sa mort ayant été vaincue par la résurrection, il n’aura pas de fin. La résurrection s’est affranchie du temps ! C’est notre foi… appuyée sur le témoignage des premiers témoins se penchant sur… le tombeau vide !
L’espace. Jésus ressuscité est apparu aux apôtres « en chair et en os » dans la pièce où ils s’étaient enfermés par peur des autorités juives de Jérusalem. Mais ce « corps » traverse les murs ! Non parce qu’il ne serait plus qu’un fantôme (« un esprit n’a ni chair ni os », dit Jésus à ses amis incrédules), mais bien parce que la vie ressuscitée est autrement plus consistante qu’un mur, aussi épais soit-il, celui du sépulcre ou celui de la chambre-haute. Et cette « consistance » est celle de la vie ressuscitée, de la vie dans l’amour éternel de Dieu.
Nous aussi, nous sommes prédestinés à être affranchis du temps et de l’espace, par notre propre résurrection, semblable à celle du Christ. Saint Paul explique cela dans la lettre aux Romains : « si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8, 11).
Bref, notre vie est prédestinée à traverser les murs du temps et de l’espace ! Et la mort ne sera pour nous qu’un passage vers la Vie ! On est loin des préoccupations de ceux et celles qui sont venus au tombeau pour pleurer sur un corps sans vie ! Mais cette Vie ressuscité, si elle est l’œuvre de l’Esprit Saint, n’est pas acquise de manière automatique. Elle répond à une vie ici-bas qui s’est accordée au « commandement nouveau » du Christ : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13, 34-35). Tout comme les premiers disciples, Marie-Madeleine, Pierre et Jean, Paul et tant d’autres, nous ne devons plus chercher au tombeau celui qui est vivant : « il n’est pas ici » (Mc 16, 6). Il n’est pas dans ce qui reste enfermé dans le temps et l’espace, dans les soucis du temps présent, dans la recherche excessive de confort, de bien-être, de richesses, des sagesses humaines. Il n’est pas dans une vie sans amour.
Que ce temps pascal soit l’occasion pour nous tous d’un examen sincère de ce qui fait nos préoccupations et de notre désir non moins sincère de la « vie éternelle ».
Père Rémy CROCHU