Edito 8 – 2025

Vers le large !

Au moment où paraissent ces lignes, un certain nombre d’entre vous est déjà au courant : notre évêque me confie une autre charge pour la rentrée de septembre. Après 8 années passées parmi vous, je vais donc prendre le large. Au sens propre comme au sens figuré, puisque je suis nommé sur la paroisse Saint Yves-de-la-Côte-Sauvage, sur la presqu’île du Croizic.

J’aurai le temps et certainement l’occasion de saluer les uns et les autres : nous aurons tout l’été pour le faire.

Pour l’heure, je me contenterai de vous dire toute ma reconnaissance pour ce que nous avons pu vivre, partager et construire ensemble. Ce n’est pas la première fois que je fais l’expérience d’un tel arrachement et et vous avez, vous aussi, dû en faire l’expérience à bien des reprises. Comment ne pas nous rappeler ici le départ brutal et douloureux du père Pierre-Yves, mon prédécesseur ! Nous nous attachons les uns aux autres et, pour ma part, depuis que ce changement m’a été demandé, je n’ai cessé de penser à chacun de vous en priant pour que ce qui a été vécu de beau soit l’occasion d’une action de grâce et pour ce qui aura pu parfois faire souffrir trouve sa consolation.

Je pars. Je prends le large puisque je vais retrouver la côte atlantique que j’avais déjà connue pendant 9 ans, par le passé. Je prends le large, mais non sans emporter dans mon cœur de prêtre et de frère, ceux que j’ai connus et qui m’ont parfois confié un bout de leur jardin secret ou de leurs états d’âme. Je prends enfin le large en ayant conscience de m’éloigner, mais — pour l’avoir vécu à bien des reprises — avec confiance puisque mon successeur, le père Jérôme Rialland, saura prendre le relai pour écrire avec vous une nouvelle page de l’histoire sainte de ces deux paroisses.

Certains s’étonnent de ces changements de prêtres, de leur relative fréquence. Plusieurs m’ont déjà partagé leur peine ou leur trouble. Il faut ici se rappeler le sens de cela. Le prêtre tient dans la communauté une place très particulière. D’abord, on ne le choisit pas, et ils ne se nomme pas lui-même dans sa charge : il nous est donné. On devrait dire « prêté », puisqu’au premier jour de sa prise de fonction, il sait que celle-ci lui est seulement accordée pour « un temps ». Un temps suffisant pour construire des liens et marcher au pas d’une communauté ; un temps pas trop long néanmoins pour rappeler à tous Celui qui guide la paroisse : le Christ, unique et bon Pasteur de ses brebis (Cf. Jean 10).

J’ai eu la grâce d’exercer mon ministère en votre compagnie, mes frères prêtres : les pères Roger, André, Jean et Jean-Michel, chacun avec son charisme propre. Sans oublier le père Victor, mon fidèle compagnon au quotidien ! Et que dire de ces années votre collaboration : la Coordinatrice Pastorale Paroissiale (Cécile, puis Laurence), les laïques missionnées et l’Équipe d’Animation de la paroisse ! Ensemble, nous avons dû relever bien des défis : la coordination de deux paroisses avec un même curé, la crise du Covid 19, le vieillissement des prêtres et les conséquences notamment sur la pastorale des sacrements (messe dominicales, mariage, baptêmes ou sépultures), la réponse aux attentes de toutes les générations, l’accueil des demandes catéchuménales… Il nous a fallu souvent avancer dans la foi vers l’inconnu… Le large, avec ses saisons et ses caprices, n’est pas qu’en haute mer !

Jurons que cette période de changements sera l’occasion de nous en remettre davantage à Celui qui vous aime et qui, comme il nous l’a promis, « ne vous laissera pas orphelins » !

Père Rémy CROCHU

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